Nagasaki – Eric Faye
J’ai lu d’un trait ce texte de cent pages, avec juste une pause-pipi… in extremis. C’était donc si captivant ? Assez, oui.
A Nagasaki, Shimura, un météorologue calme et tranquille, vit seul dans une maisonnette. Un jour il s’aperçoit que la limonade baisse dans le frigo, qu’un objet a été déplacé, et d’autres événements bizarres. Il place une webcam et voit une forme qui se profile. Quelqu’un squatte son logement. Shimura appelle la police, qui va rapidement appréhender l’individu. C’est une femme de 58 ans assez bizarre. Qu’est-ce qu’elle foutait là ? C’est la clé de voute de cette nouvelle, basée sur un fait divers réel…
Quand on résume, ça n’a pas l’air bien captivant. Mais quand même, si j’ai failli faire dans ma culotte, il devait y avoir une bonne raison ! C’est la façon dont les idées sont amenées, qui pousse à vouloir connaitre la suite. La construction du récit est efficace, surtout dans la première moitié. Après, on découvre le fin mot et l’intérêt s’effiloche un peu. Et puis il y a les personnages, simples en apparence, touchants, cette femme qui a tout un passé et une sensibilité, et cet homme magnanime qui la côtoie de près sans la voir. Toutefois j’ai regretté que le décor soit si mal planté. Je n’ai pas senti l’odeur du Sukiyaki ou du Yogorito. Aux noms près, ça fait autant seizième arrondissement que banlieue japonaise. Après Queffeléc qui décrit le Jubaland comme Brest, et Arché qui confond Bruges et Marseille, voici une nouvelle preuve que les auteurs français ont beaucoup de mal à se glisser dans les cultures étrangères.
Le bloc de papier à lettres acheté avant de s’asseoir à cette table lui paraît redoutablement vierge. Combien de pages aura-t-elle à noircir ? Elle aimerait découvrir un raccourci pour passer directement de son esprit au sien.
Nagasaki – Eric Faye. Éditions Stock