Hors-service – Solja Krapu
Eva-Lena, la quarantaine aigrie, professeur dans un collège, est ce genre de femme que l’on croise sans garder quelque souvenir que ce soit, parce qu’elle ne dégage rien, ni émotion, ni sympathie. Elle semble ne concevoir sa vie que par devoir, ce qui la rend austère et insipide. Que ce soit pour son boulot, sa relation avec ses trois enfants ou avec son mari, elle ne laisse aucune place à une quelconque fantaisie.
Seule son amie d’enfance arrive à la bousculer un peu …
Jusqu’à ce vendredi soir où elle se retrouve coincée dans le local de la photocopieuse de son collège et y restera … tout le week-end.
Des heures entières à ne rien faire, sauf penser et s’abandonner, l’occasion de méditer et de se remettre un peu en question aussi …
Son isolement dans cette pièce exiguë, seule, sans eau ni nourriture lui donnera sans doute l’occasion d’une grande réflexion sur elle-même et sur ce qu’est sa vie, une vie sans émois, sans passion, sans flamme, une vie qui sombre, s’éteint à petits feux, une vie à côté des autres, non avec les autres …
L’auteur choisit à dessein d’amplifier les traits de caractère et le portrait de cette femme effacée, mièvre, dénuée de fantaisie, peut-être pour lui donner plus d’importance et tourne à la plaisanterie les travers du quotidien. On s’y retrouve un peu, parfois, fût-ce un instant … et ça fait frémir.
Une jolie plume, certes, sobre, douce-amère, qui dépeint les personnages avec justesse et clairvoyance. Mais sans plus …
Un récit à parcourir d’une traite, parce qu’aucune escale n’est nécessaire, fût-ce un instant, pour s’émerveiller et s’émouvoir puisque que rien ne scotche vraiment le lecteur …
Divertissant, insolite … mais dénué d’émotions.
Hors-service de Solja Krapu, éditions Gaïa