Cru bourgeois

les Petits – Frédérique Clémençon

Je suis un peu fainéant ces temps-ci, aussi en guise de préambule recopierai-je la présentation de l’éditeur :

À la veille d’en perdre définitivement la garde, un père emmène ses deux fillettes pique-niquer au bord de l’eau. Sa belle-famille s’est acharnée à tranquillement l’évincer, lui assurant que ses filles lui en seraient plus tard reconnaissantes. Il n’a qu’une journée, la première d’une vie promise au chagrin, pour tisser, ou rompre, le lien paternel.
Dans cette nouvelle comme dans les suivantes, les enfants sont des territoires que l’on conquiert ou que l’on perd. Chacun bataille pour préserver son intégrité ou, au contraire, étendre son pouvoir sur les autres. Gare à ceux qui, trop « petits » ou trop fragiles, ne savent pas résister.

Ces huit nouvelles ont comme dénominateur commun les inégalités, les injustices sociales, mises en scènes par des personnages bouleversés, des “petits”, le titre prend ici tout son sens. Des petits en proie aux lubies et au favoritisme des “grands”, à leurs brimades et leurs choix orientés, huppés, drapés de bienséance et de bonnes manières. L’auteure met en relief des comportements sociaux édifiants mais assez courants en somme, et c’est ce qui fait tout l’intérêt de ce livre. Des mots forts, durs parfois, à couper le souffle.

les petitsRécits foisonnants, grouillant d’idées, un kaléidoscope. J’ai toutefois quelques reproches, qui iront principalement au style. Ces nouvelles sont écrites comme des romans. La variation des points de vue, la digression, des sauts dans le temps et l’espace… Autant de méthodes utilisées dans un roman pour éviter la monotonie, mais qui dans une nouvelle déroutent le lecteur. Ces ‘nouvelles’ s’égarent souvent dans des développements et atermoiements, et il faut une attention soutenue et un certain esprit déductif pour en tirer tout le bénéfice.

Ensuite, on peut s’étonner de trouver des phrases de deux pages dans des textes qui en font 15 ou 20 ! Le style est parfois très simple, et tout à coup l’auteure nous embarque sans préparation dans une phrase kilométrique où l’on se où je me  perds, et qui plus est, sans que cela ajoute une force au récit. Je me demande si l’auteure écrit à la terrasse d’un café, comme Sartre et Simone de Beauvoir… Ou parfois debout dans un métro. On dirait que, selon l’ambiance, la forme prend des tournures très différentes. A côté de paragraphes sophistiqués, on en trouve de très simples, et c’est finalement cette disparité qui m’a le plus décontenancé.

En résumé, voilà selon moi un bon livre, mais qui aurait pu être bien meilleur avec un peu moins de fioritures, et quelques coupes et allègements. Les personnages sont des gens simples le plus souvent, dont les histoires auraient gagné à un traitement simple, dans une écriture plus accessible. La forme n’est pas toujours en adéquation avec le fond.

les Petits de Frédérique Clémençon. Éditions de l’Olivier

Article publié par Noann le 14 mars 2011 dans la catégorie Cru bourgeois

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