Je n’ai pas fini de regarder le monde – David Thomas
«J’adore entendre les voisins faire l’amour. Être le témoin du plaisir ou du bonheur des autres me rassure sur l’état du monde. Je suis capable de tout arrêter pour écouter attentivement les pleins et déliés du sexe derrière une cloison.»
Un charmant recueil de 75 nouvelles succinctes qui dépeint le monde tel qu’il est, cruel, loufoque aussi. En quelque sorte, David Thomas donne au lecteur l’occasion d’un règlement de compte entre humains. Et on se laisse prendre au jeu …
Ainsi l’auteur raconte tour à tour les scènes de la vie quotidienne qui relèvent parfois de la banalité. Il met à plat les disputes de pacotille entre conjoints, les larmes de crocodiles de certains, les fou-rires d’autres, tout cela sur fond d’acrimonie et de neurasthénie.
À travers ces minis récits, l’auteur dresse un portrait tantôt mouillé d’acide, tantôt plein d’humour d’un monde en plein chaos et raconte les âmes meurtries, les souvenirs qui font mal, les remords, les désenchantements, les déceptions de la vie conjugale, l’amertume mais aussi les petits bonheurs du quotidien qui font la vie plus belle et qu’il faut savourer.
À travers les bouts de vie qu’il observe derrière un verre grossissant, l’auteur se montre âpre à disséquer tout un chacun et porte le lecteur dans les méandres de la vie sentimentale, les pierres d’achoppement du quotidien, les énigmes de l’âme tourmentée jamais résolues, les questions sans réponse, les déceptions dont chacun fait l’objet, les sarcasmes, les remises en question.
Le lecteur passe du rire aux larmes, sans ménagement et ne manque pas de relever la similitude avec sa propre vie …
Dommage que derrière tous ces instants de vie, l’auteur se claquemure un peu dans une mélancolie, voire une déprime larvée …
Je livre un billet succinct, à l’instar de ce recueil que j’ai refermé imprégnée d’un parfum doux-amer …
Je n’ai pas fini de regarder le monde de David Thomas, éditions Albin Michel