Bakhita – Véronique Olmi
Au Darfour en 1865. Enlevée à sept ans dans son village, Bakhita n’a connu que la souffrance. Quand elle devient adolescente, elle est achetée par le consul d’Italie et découvre un pays où la pauvreté et l’exclusion sont au paroxysme. Enfin, à l’issue d’un illustre procès qui se tient à Venise, elle se retrouve affranchie et entre dans les ordres. Elle se consacre corps et âme aux enfants pauvres, se bat avec acharnement sous le joug du chaos des deux guerres mondiales, du fascisme et de l’inégalité. Et coûte que coûte, elle survit en silence dans cette thébaïde de douleurs, un silence si éloquent qu’il crie au fond d’elle, implore les cieux pour qu’ils la sortent de cet enfer où raisonnent en écho la peur de se perdre, après avoir été arrachée à sa famille et à l’amour qu’elle voulait, si fort, si grandiose, qu’elle a chassé de son cœur à présent.
Bakhita est l’histoire d’une femme de pacotille, devenue héroïne à force de courage et de détermination dans un monde hostile, dénué d’amour, qui ne laisse que peu de chance aux êtres réprimés et où le désarroi séjourne comme un spectre dans les âmes bafouées, un monde où la misère a grignoté les cœurs meurtris et fragiles.
L’auteure nous livre un récit poignant sur le parcours d’une femme remarquable qui connut l’esclavage, les geôles africaines puis italiennes, pour se retrouver enfin sauvée par la Loi puis l’Église. Ainsi, elle deviendra religieuse puis sainte.
Avec la sensibilité et la délicatesse que l’on reconnait une fois encore à l’auteure, l’on suit le destin de la petite fille africaine, d’abord arrachée à son village natal, devenue domestique puis religieuse au secours des pauvres et enfin reconnue par les Saintes Écritures. Avec talent, Véronique Olmi nous conte l’histoire vraie de cette ancienne esclave soudanaise devenue pieuse en Italie pendant cinquante-trois ans.
J’ai toujours aimé, et ici encore, cette façon qu’a la romancière d’insuffler à notre cœur toute sa sensibilité et de diluer au fil de ses romans une émotion intense, sans jamais pour autant nous gaver de pathos. Il y a peu d’auteurs à l’instar de Véronique Olmi – j’ai la chance d’en connaître un seul – pour nous donner de telles lignes délicates et traiter une thématique pourtant grave et sombre en y glissant un message d’espoir et une fin heureuse.
Un roman majestueux et saisissant… Je vous le recommande vraiment.
Bakhita de Véronique Olmi