Grand vin

Le chien, la neige, un pied – Claudio Morandini

Adelmo Farandola vit dans la montagne italienne, isolé du monde et des tumultes. Dans sa thébaïde, il ne fréquente ni ne voit personne, hormis peut-être de temps à autre croise-t-il le garde-chasse mais il ne s’en souvient guère. Adelmo perd la mémoire depuis quelque temps. Et son univers se résume à peu de chose : se nourrir un peu, ranimer l’âtre de sa cheminée, juste de quoi vivre un peu. Et puis il y a ce chien qui surgit de nulle part un beau jour, le suit et devient son seul interlocuteur et ami d’infortune. Les saisons défilent inlassablement sans que quoi que ce soit ne change dans la vie du vieil homme.

Le chien, la neige, un piedJusqu’à ce jour de printemps où le dégel fait place aux premiers balbutiements de la nature en éveil… Au creux d’un tapis de feuillage non loin du chalet, Adelmo fait une curieuse et morbide découverte. Un pied humain se trouve déposé là, sur le sol humide débarrassé de la neige qui s’en est allée doucement.

Et Adelmo se met à gamberger… Il essaie de se souvenir de ce qui s’est passé l’an dernier mais en vain. Sa mémoire lui joue des tours et il n’arrive pas à s’expliquer ce qui a bien pu se produire. Qui aurait bien pu déposer là-bas ce morceau d’humain ?

Avec une juste dose de suspense, l’auteur nous livre une fable au ton féroce qui désarçonne et nous tient en haleine jusqu’au bout. Le récit, certes succinct, au style aigrelet est lourd de messages tous percutants et nous parle de solitude, celle qui finit par rendre l’humain incapable de structures, de repaires, le met à plat jusqu’à devenir exsangue.

L’histoire est fascinante, jouxte même parfois l’épouvante mais à l’intérieur de la noirceur de ce conte, l’auteur injecte de petites touches poétiques qui donnent au récit une dimension onirique.

J’ai beaucoup aimé cet univers décalé et l’histoire m’a d’autant plus émue parce qu’elle me replonge dans le cadre montagneux de ma prime enfance…

Le chien, la neige, un pied de Claudio Morandini, éd. Anacharsis

Date de parution : 09/03/2017  
Article publié par Catherine le 18 mai 2017 dans la catégorie Grand vin
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Cru bourgeois

Qu’est-ce qu’on attend pour vivre mieux ? J-M Cohen

Présentation de l’éditeur :

S’appuyant sur son expérience de médecin, mais aussi de père et de grand-père, le Dr Jean-Michel Cohen nous révèle ses secrets pour bien vivre, plus longtemps et en meilleure forme. Vous découvrirez les 5 piliers du “Vivre mieux” : la nutrition, la forme, le sommeil, le mental et le corps.
“C’est si simple de vivre mieux !” Voici le message que le Dr Cohen souhaite faire passer. Et ce message s’adresse à tous, que vous ayez 30, 40, 50, 60 ans ou plus : il est temps de prendre soin de vous pour gagner des points de vie !

Rien de difficile, il est surtout question de prise de conscience et de nouvelles habitudes : réapprendre à mieux manger, avoir une meilleure hygiène de vie… Mais tout en continuant à se faire plaisir. Car la frustration n’amène rien de bon ! Alors serez-vous prêts à relever le défi et appliquer ces “recettes de longévité” ? Car tout le monde peut y arriver !

Mon avis :

Qu'est-ce qu'on attend pour vivre mieux ?Ce livre est une mine d’or. Il donne des conseils nutritionnel importants, que tout le monde devrait connaitre, en particulier les restaurateurs. La tendance étant centrée sur le goût ou la facilité, au détriment du reste. Cinq fruits et légumes par jour, dit-on souvent, mais ce n’est pas si simple, parce que chaque fruit et chaque légume possède ses qualités. C’est ici que ce livre est intéressant : il brosse un portrait détaillé des principaux aliments, et en donne les qualités et les défauts ; vitamines, lipides, glucides et surtout fibres, en exposant pourquoi il est intéressant de les utiliser et en donnant des idées de menus. Il y a des tableaux détaillés avec les différentes teneurs en nutriments.

Mais ce n’est pas un simple guide sur l’alimentation. L’ouvrage est réparti en cinq clés : la nutrition, la forme, le sommeil, le mental et le corps. L’auteur aborde la pratique de l’activité physique et donne des indices pour des activités utiles, en insistant sur le fait qu’il n’est pas indispensable de faire de gros efforts ; toute activité même modérée est utile, et il n’est pas nécessaire de souffrir, au contraire. Cependant, tous les chapitres ne sont pas au même niveau d’utilité, et il y a aussi quelques évidences et leitmotivs. Nous savons tous que le mental est relié au physique, qu’il est indispensable de prendre soin de soi, y compris de son apparence. Il n’était peut-être pas indispensable de s’étendre sur ce que chacun sait, d’autant plus que nombres de bouquins ont déjà été publiés sur ce genre de question.

Néanmoins, ne fût-ce que comme (re)prise de conscience, la lecture de cet ouvrage peut-être conseillée pour tous. J’en retiendrai surtout quelques faits importants sur l’alimentation, domaine que l’auteur maitrise…

Qu’est-ce qu’on attend pour vivre mieux ? Jean-Michel Cohen

Date de parution : 27/04/2017  
Article publié par Noann le 18 mai 2017 dans la catégorie Cru bourgeois
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Cru bourgeois

La station balnéaire qui attendait la mer – Bertrand Menut

Bogard cumule les petits boulots bizarres. Ainsi, alors qu’il travaille comme testeur de grille-pain pour un magazine féminin, un bureau de recrutement lui propose un poste de gardien de phare dans une petite ville de province. Il accepte et s’attend à trouver une station balnéaire revigorante, léchée par les vents marins et l’iode. Rien de tout cela cependant… La mer est désespérément loin et la population fait confiance aux spécialistes car pour ceux-ci il n’y a aucun doute, le niveau de l’eau prend de l’ampleur et la mer qui arrive fera bientôt de cette petite ville sans histoire une grande station balnéaire de prestige.

La station balnéaire qui attendait la merEt les habitants se préparent, se hâtent, se réjouissent de leur bonheur futur. Assurément, se disent-ils tout bas, le réchauffement climatique et les conclusions des spécialistes ne peuvent que les conforter dans leurs espoirs…

Au fil de cette histoire insolite, l’auteur nous invite à infiltrer un monde en plein délire où se croisent des collectionneurs, des femmes aux formes généreuses, tous versatiles, un peu extravagants, en quête de lendemains plus rieurs.

La plume est imprégnée d’humour et l’on se réjouit de partager, fût-ce un instant, le quotidien de ces personnages loufoques et attachants, de se laisser porter dans un paysage sans queue ni tête, une plage sans mer, bordé d’un phare qui ne sert de guide qu’aux promeneurs, une taverne où le café est exécrable, un monde en perdition qui s’agite et se languit de voir le Saint-Graal, la divine marée.

Réjouissant, original, un bon moment de détente ma foi. Mais un souvenir fugace, comme un souffle d’air marin qui manque cruellement…

La station balnéaire qui attendait la mer par Bertrand Menut, éd. Paul & Mike

Date de parution : 24/02/2017  
Article publié par Catherine le 11 mai 2017 dans la catégorie Cru bourgeois
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Premier Grand Cru Classé

La délicatesse du homard – Laure Manel

Voici une histoire toute simple… En apparence. François, un homme qui semble bourru et solitaire, trouve sur une plage une jeune femme à moitié consciente, toute recroquevillée. Il décide de la sauver et l’emmène chez lui. Il est partagé entre deux tendances : aider la jeune femme mais préserver aussi sa solitude, son intimité, car cette inconnue représente pour lui un certain inconfort, sinon un danger. Mais voilà qu’elle met du temps à se rétablir, et commence alors un curieux huis clos entre ces deux personnages perdus, chacun à sa manière. Mais que cache cette Elsa ? Pourquoi est-elle si secrète ? D’où vient-elle et pourquoi s’entoure-t-elle de tant de mystère ? D’elle il ne sait rien, et ce n’est qu’au prix d’une patience infinie qu’il en découvrira plus, peu à peu. Et puis il va se passer plein de choses…

La délicatesse du homard

Roman porté par une écriture toute simple mais efficace, “la Délicatesse du homard” n’a l’air de rien, et pourtant on se laisse emporter par ces deux personnages discrets et pourtant pleins de sentiments. Les sentiments justement, voilà certainement ce qui nous porte nous lecteurs, et jusqu’au bout, car chaque ligne en contient. Tout ici est perception diffuse, émotions larvées mais savamment distillée de mot en mot. On ressent chaque vibration de ces deux personnes, qui s’expriment tour à tour, faisant écho l’une à l’autre. Le tout sans effet de style et sans démonstration, sans emphase ni péripéties inutiles.

Ce roman fut d’abord auto-publié, et il a trouvé son chemin dans des groupes de lecteurs, accumulant un nombre considérable de vues… et de fil en aiguille… Jusqu’à ce qu’un éditeur le remarque. C’est simple et touchant, vrai, beau, tout simplement ! Que dire de plus ?

La délicatesse du homard – Laure Manel

Date de parution : 18/05/2017  
Article publié par Noann le 5 mai 2017 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Grand vin

Le vertige des falaises – Gilles Paris

Une île funeste, l’Ile comme la qualifie l’auteur. Des paysages à perte de vue chargés de mystère, des falaises léchées par les vents marins et juste au-dessus une maison majestueuse… C’est là que vit Marnie de Mortemer, une adolescente de 14 ans, fragile, confinée dans l’univers hostile de sa famille. Entre sa mère Rose, gravement malade et sa grand-mère Olivia, qui gouverne tout, la famille et l’Ile, Marnie se désole dans sa geôle de verre et d’acier, appelée Glass… De l’Ile nous ne savons pas grand-chose et l’auteur se garde bien de dévoiler le lieu où le décor est planté. Toutes les îles recèlent des mystères, qu’elles soient françaises, anglo-normandes ou encore américaines.

Qu’importe… Ici tout réside dans l’atmosphère pesante et le suspense de ce huis-clos chargé d’énigmes, de trahison, de maladie, de violences de toutes sortes, où chacun se montre taciturne, sauf peut-être Marnie, plus éveillée, qui s’évade un peu de sa thébaïde pour déjouer le sort de ses proches meurtris par les souvenirs d’antan.

Il n’y plus guère d’hommes dans cette famille envenimée par les secrets… Le vertige des falaisesLe père est mort dans un accident de la route, tandis que le grand-père a été victime d’une crise cardiaque. Mais personne ne s’en émeut le moins du monde…

L’auteur se glisse dans les tréfonds de l’âme d’une gamine espiègle de 14 ans et nous livre un récit, certes empreint de gravité, mais qui jamais ne fait larmoyer. Car derrière la noirceur des événements s’immiscent un souffle de poésie et un doux soupçon d’espoir qui réchauffent le cœur. Et c’est ainsi que par la magie distillée par sa plume, il nous convainc de croire en la beauté des lendemains, à de faire fi des blessures du passé même si celui-ci est entaché de mille douleurs.

Marnie et les personnages autour d’elle nous captivent, les lieux traversés au fil de l’histoire sont magnifiquement décrits et tous baignés de mystère. L’auteur nous tient en haleine de bout à l’autre du récit et nous envoûte jusqu’à la chute, inattendue, démesurée, et nous révèle ce que le dais des secrets familiaux gardait cloisonnés jusqu’ores.

Et l’on ne peut que s’émerveiller quand on sait que le jour finit toujours par embrasser la nuit et que les brisures de la vie se recollent à force d’y croire…

Le vertige des falaises par Gilles Paris, éd. Plon

Date de parution : 06/04/2017  
Article publié par Catherine le 4 mai 2017 dans la catégorie Grand vin
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vin de table

La fille qui lisait dans le métro – Christine Féret-Fleury

Dans le métro parisien, Juliette croise tous les jours les mêmes têtes, et tous sont de fervents lecteurs, les yeux rivés sur leur livre qu’ils ne lâcheraient pour rien au monde. Il y a une vieille dame, un collectionneur d’éditions exceptionnelles, une étudiante en mathématiques, une jeune fille qui larmoie… Juliette ne lit pas, elle contemple avec affection et un petit pincement au cœur, tous ces gens si passionnés, heureux de ce que leur apporte la lecture, une sorte de bien-être, de quiétude qu’elle ne connaît pas, elle qui tous les jours à même heure emprunte cette ligne 6, lassante, voire soporifique, sans jamais éprouver le moindre émoi.

Un jour, elle s’échappe de cette vie routinière en descendant deux stations avant celle qui la mène à son travail et bifurque vers une rue inconnue. C’est alors que commence pour Juliette une véritable métamorphose. La fille qui lisait dans le métroCe chemin de traverse va changer le cours de sa vie… Elle fait quelques pas dans la rue et découvre un portique impressionnant orné d’une plaque métallique portant la mention « Livres sans limite » et maintenu entrouvert par un livre. Juliette est d’emblée intriguée par l’enseigne et la mystérieuse porte qu’elle franchit un peu méfiante. Elle fait la connaissance de Soliman, maître des lieux, poète, plein de sagesse et féru de livres. Il la convainc que le livre peut être capable de guérir, de faire pleurer aussi. Il faut simplement trouver celui qui nous correspond. Confiante et émerveillée, Juliette se laissera transporter dans l’univers de cet homme, celui des livres voyageurs.

Une histoire toute simple, sans grande envolée ni intention, hormis peut-être celle de donner le goût de la lecture aux plus récalcitrants et faire découvrir aux passionnés de littérature de nouvelles surprises, à travers les quelques références que l’auteur a épinglées au fil de ce récit. Certes…

L’écriture est agréable quoique parfois assez légère, faisant ressortir quelques clichés inutiles. Le personnage de Juliette est tantôt émouvant, tantôt un peu vide et celui de Soliman, cet homme austère retranché dans son antre de papier, ne séduit guère plus.

Un bon moment de détente, indéniablement, mais pour ma part, ce ne sera qu’un livre voyageur… dans ma mémoire.

La fille qui lisait dans le métro par Christine Féret-Fleury, éd. Denoël

Date de parution : 9/3/2017  
Article publié par Catherine le 27 avril 2017 dans la catégorie vin de table
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Cru bourgeois

Un petit fonctionnaire – Augustin d’ Humières

Présentation de l’éditeur :

C’est quelqu’un de bien. Il est là, sur le terrain. Il applique les consignes, il suit les programmes, il exécute. On loue son dévouement.

Mais un jour sonne l’heure des comptes : il a contribué à instaurer un système injuste, inégalitaire, et absurde, qui n’a fait qu’engendrer l’ignorance, la violence et le ressentiment. À présent, il faut répondre…

Un petit fonctionnaire

Nous professeurs, nous savons que l’histoire n’a commencé ni à Raqqa ni à Mossoul. Elle commence chez nous, avec des familles et des enfants qui ne sont pas très riches et auxquels nous n’avons rien transmis. Ni une langue, ni une histoire, ni des textes, ni des mots.

Notre avis :

Dès les premières lignes, nous découvrons un personnage truculent, professeur retraité. Dans un futur proche, il entame un dialogue avec un chercheur… Américain… Qui réalise une étude sur l’enseignement en France. Mais ce chercheur a une opinion très critique et peu glorieuse quant au fonctionnement de l’éducation nationale, et le dialogue tourne au pugilat. L’enseignant est mis sur le grill, il tente de se justifier. Suit alors une longue réflexion sur son métier…

Réflexion teintée d’amertume, où les souvenirs refluent comme un tsunami… Il se souvient de moments cocasses avec des élèves, les principaux perdants du système. Eux à qui l’on a rien appris… Ou à qui l’on a trop appris, et pas les bonnes choses ! Dès qu’une question s’aventure en dehors du programme strict, les réponses sont absentes ou farfelues. Quelques moments insolites, des réflexions faites par des élèves immigrés le plus souvent, désorientés, tiraillés entre les valeurs que la République tente de leur inculquer, et la vie réelle. Et puis le credo des enseignants, leurs divergences de vue, entre respect du programme et souplesse, entre théorie et pratique.

L’enseignement est-il trop formaté, trop procédurier, laisse-t-il assez de place pour l’initiative personnelle ? Les réponses sont amères, univoques voire lapidaires. C’est un constat affligeant que l’enseignant repenti fait, au cours d’une réflexion personnelle, authentique cependant, argumentée et convaincante, pour peu que l’on partage un minimum sa philosophie. Là est peut-être ce qui fait la force de ce texte mais aussi sa limite : si la voix est vibrante d’émotion, elle est aussi monocorde et univoque. Moult souvenirs, aussi émouvants qu’édifiants de ce que peut être la vie d’un “petit fonctionnaire”. Un style entre essai, roman et biographie, voltigeant de l’un à l’autre.

Extrait :

“À ses heures les plus poétiques, ma salle des professeurs est une sorte de royaume des ombres, dont les héros auraient abandonné leur vrai métier dans leurs vies passées. C’est un lieu d’errance : des ombres de professeurs marchent sans but, dans ce déplorable champ des pleurs. Plus prosaïquement. l’image qui vient à l’esprit pour celui qui découvre l’endroit semble sortie d’un film de Patrice Chéreau. une sorte de lieu glauque et interlope, où chacun se dévisage pour découvrir la véritable identité de l’autre. À la faveur des mutations précoces, d’expérimentations pédagogiques, de départs précipités, on ne sait plus très bien qui fait quoi :
— Je suis la remplaçante de Nathalie.
— Qui est Nathalie ?
— Tu sais, la remplaçante de Corinne. la collègue de philo qui est vacataire…
— Pour le bac blanc oral. je…
— Je t’arrête tout de suite. je ne suis plus prof de français…
— Mais…
— J’enseigne le patrimoine et les arts du son !”

Un petit fonctionnaire d’Augustin d’ Humière. Éditions Grasset

Date de parution : 12/04/2017  
Article publié par Noann le 24 avril 2017 dans la catégorie Cru bourgeois
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Cru bourgeois

La ballerine qui rêvait de littérature – Michelle Tourneur

Victor van de Walle, professeur de lettres tout récemment retraité, quitte Paris et retourne à Arras, son fief d’enfance, emportant pour seul bagage ses nombreux livres. Dans le lieu étrange où il a remisé son stock de bouquins, il rencontre Marie Scott Préaulx, ancienne danseuse étoile. À mille lieues l’un de l’autre ils se découvrent, elle ballerine pensionnée qui a ouvert une boutique de lingerie fine, lui féru de littérature, habitué de la vie de khâgne parisienne. Victor tombe sous le charme de cette femme intrigante et lui propose d’échanger leurs univers pour mieux se connaître. Ainsi, Victor lui offrira un pan de son bagage littéraire tandis qu’elle lui ouvrira les tiroirs de sa boutique de sensualité et de dentelle. Et petit à petit, ils se livreront à une sorte de déshabillage pudique et coquin à la fois. Entre satin et dentelle, s’immiscent Chateaubriand, Proust entre autres, jusqu’à faire perdre la tête à Victor, de plus en plus attiré par le pouvoir féminin exercé par Marie. livrogne.com

La ballerine qui rêvait de littératureEntre l’homme de lettres désabusé et cette femme légère qui ne connaît rien de la littérature s’installera une sorte de connexion envoûtante. Peu à peu, auprès de Marie, Victor sort de sa neurasthénie et se reconstruit. Et de leur union improbable va naître une chorégraphie harmonieuse qui met en scène deux artistes qui règlent leur compte avec le passé.

Les questions se bousculent… Pourquoi le brillant professeur est-il revenu dans la ville de son enfance. Que veut-il y trouver ? Pourquoi la belle bayadère a-t-elle abandonné sa carrière ?

L’auteur nous livre un ballet rythmé et voluptueux qui réunit deux saltimbanques aux antipodes. À travers deux âmes que tout oppose, qui se cherchent, se séduisent et finissent par joindre leurs deux mondes pour un bout de chemin impromptu, l’histoire coule doucement, pleine de secrets et de non-dits…

La plume sans conteste très belle et élégante, le style enlevé et l’atmosphère obscure de ce récit donnent certes de bons moments de détente, mais pour ma part, l’enthousiasme aura été fugace et transitoire…

La ballerine qui rêvait de littérature par Michelle Tourneur, éd. Fayard

Date de parution : 01/03/2017  
Article publié par Catherine le 23 avril 2017 dans la catégorie Cru bourgeois
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Blog de littérature. Critiques, extraits, avis sur les livres…

Dessin de Jordi Viusà. Rédigé par des lecteurs passionnés