César ne peut guérir de la mort de Paz, la femme qu’il aimait à perdre la raison et qui lui a donné un petit garçon merveilleux. Et ce soir-là il a décidé d’avaler une dose létale de cachets pour la rejoindre. À ce moment, une jeune femme, qui prétend être sa voisine, sonne chez lui pour récupérer ses clefs. Elle est très belle, étrange et étudiante en architecture grecque. Il est persuadé de ne pas la connaître, de ne l’avoir jamais croisée, alors qu’elle prétend être sa voisine… César est intrigué par l’incursion soudaine de cette jeune femme dans son appartement. D’emblée, celle-ci fait montre d’une grande gentillesse qui désarçonne César jusqu’à le faire douter. Comment peut-elle être si attentive, si bienveillante avec un homme qu’elle n’a jamais rencontré ? César est pris d’un sentiment de doute… Ne la connaît-il vraiment pas ? Ou peut-être est-il tellement effondré par la mort de sa compagne pour en devenir fébrile à ce point ? Et il gamberge… Lui, ce quadragénaire bouleversé qui n’arrive pas gérer le fils si adorable que Paz lui a laissé. En même temps, il ne peut imaginer quelque aventure avec sa très jeune et belle voisine. Livrogne point com
Cependant, l’arrivée subite de la jeune fille dans son univers va changer le cours des choses. Pour tenter de survivre et se reconstruire, César se rendra sur les lieux de Paz, son bel amour disparu. Ainsi, il traversera le monde, d’un bout à l’autre depuis l’Italie et la très belle côte amalfitaine, puis la Grèce et enfin le Japon.
Avec une plume ardue et d’une grande richesse, l’auteur nous convie à un très beau voyage intime dans le cœur d’un homme meurtri par le deuil mais qui fera tout pour renaître à travers un enfant qu’il reniait un peu maladroitement jusqu’à présent, faute de se sentir enfin apte à devenir père et lui offrir un bel avenir basé sur de sentiments forts.
Les lieux traversés sont magnifiquement décrits jusque dans le plus infime détail, car l’auteur est sans conteste un homme cultivé et un grand voyageur. Au départ d’une thématique grave, le drame est subtilement contourné par la survenue d’événements positifs qui donnent du baume au cœur et le remplissent d’espoir. Et entre les lignes s’immisce la force des sentiments qui triomphera toujours…
J’ai aimé ce récit émouvant qui m’invite à me hâter vers le libraire pour me procurer « Plonger », le premier volet de cet opus qui parle de bourrasque intérieure, du pouvoir des sentiments et de l’enfance pour panser la douleur…
Croire au merveilleux par Christophe Ono-dit-Biot
Date de parution : 09/03/2017
Article publié par Catherine le 17 avril 2017 dans la catégorie
Grand vin
Dans un café de New York en plein hiver particulièrement glacial, Liat s’est arrêtée un instant pour faire une pause hors du tumulte des grandes avenues, de l’affluence du trafic, pour se réchauffer et se détendre un peu. Elle croise le regard ténébreux et le sourire magnifique de Hilmi. Elle ne connaît pas cet homme mais en observant discrètement la beauté de son visage et ses contours, elle devine immédiatement qu’il n’est pas originaire du même pays qu’elle, pire même viendrait-il d’une contrée ennemie. Liat montre quelques signes d’inquiétude mais elle se lance dans une longue discussion avec lui et retrouve peu à peu une certaine sérénité. Plus encore, elle se sent gagnée par le charme que dégage son partenaire improbable. Mais elle tente de dissimuler son émoi car elle sait que cet homme est à mille lieues de ce qu’elle peut espérer, puisqu’elle est Israélienne et Hilmi est Palestinien. Elle cultive une nostalgie de Tel-Aviv tandis que Hilmi, peintre originaire de Ramallah, se désole à New York…
Ainsi, le temps s’arrête depuis leur rencontre. Ils vont s’aimer malgré tout, malgré eux, même si le glas de la réalité a sonné à la porte de leurs vies respectives, même si leurs univers sont aux antipodes. Ils vont tenter à tout prix de gagner leur combat pour que l’amour subsiste par delà les frontières. Le temps d’un hiver, ils vont s’aimer.
Avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, l’auteur touche à un point sensible et raconte une passion improbable entre un homme et une femme que tout sépare.
À mille lieues l’un de l’autre par leurs racines, leurs nationalités, leurs différences culturelles, ils se retrouvent dans ce huis clos où séjournent le désir interdit, l’amour impossible, les écorchures du passé.
Bien loin du conflit israëlo-palestien que l’auteur se garde d’évoquer, évitant en cela les stéréotypes et les lourdeurs, l’auteur met plutôt en exergue l’histoire d’amour qui liera ses deux héros hors du temps et situe leur rencontre dans un univers calfeutré propice à l’union et au partage. Et même s’il existe entre les amoureux une distance kilométrique, ils parviendront à faire fi de celle-ci pour s’aimer à tout prix.
Une belle ode à l’amour et une réflexion sur ce que les douleurs et les combats du passé vous poussent à l’isolement dans une venelle de fortune, pour que rayonne l’amour.
Là où l’amour s’immisce, qu’importent les frontières et les embûches qu’elles engendrent, il triomphera toujours.
Tout simplement magnifique…
Sous la même étoile par Dorit Rabinyan, éd. Les Escales
Date de parution : 02/03/2017
Article publié par Catherine le 10 avril 2017 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Nous voici au Pays du Soleil Levant, sans avoir quitté notre terre… À travers sept courts récits, l’auteur nous emmène au Japon pour y rencontrer des femmes, exclusivement, mais nous parle surtout de ce que celles-ci ont abandonné intentionnellement ou non de leur présent ou de leur passé. Si les personnages principaux sont féminins, l’auteur s’intéresse au parcours chaotique des hommes qui n’ont d’autre choix que combattre la solitude et l’abandon que leurs compagnes respectives leur ont laissé et de lutter quotidiennement afin que leur désarroi et leur déveine ne soient plus que de mauvais souvenirs.
Ainsi, ils poursuivent leur quête d’un compagnon à qui se confier en toute intimité, digne de les aider à se reconstruire.
L’auteur nous livre de courts récits intimes dans un style épuré et tout en délicatesse. L’écriture est éthérée, très élégante et ne laisse jamais transparaître quelque pas de côté ni tumultes, ce que l’auteur ne souhaiterait d’aucune sorte. Comme une infusion de thé vert, le récit se délecte par petites gorgées et diffuse dans la mémoire le souvenir exquis de cette infusion apaisante et lénitive.
Comme à l’accoutumée dans la littérature japonaise, il ne se passe fondamentalement pas grand-chose, mais il n’en demeure pas moins qu’ici encore plane cette atmosphère délicieuse qui baigne la culture nippone, toujours si raffinée et enchanteresse. Une quiétude comme il n’en n’existe nulle part ailleurs…
Un recueil de nouvelles bouleversant, où jouxtent harmonieusement l’amour, la tristesse larvée et la peur du vide qu’engendre l’absence de l’autre. Mais derrière ces larmes intérieures n’y-a-t-il pas un désir effréné d’en sortir à tout prix et d’oublier ces femmes ambiguës, un peu fantasques ou imaginaires ?
Émotions, douleurs larvées, fantastique séjournent en harmonie dans ce huis-clos doux-amer…
Des hommes sans femmes de Haruki Murakami, éd. Belfond
Date de parution : 02/03/2017
Article publié par Catherine le 29 mars 2017 dans la catégorie
Grand vin
La jeune et séduisante Roxanne partage la vie d’un compagnon peu prolixe. Autour d’elle, une mère anxieuse et une sœur dont elle ne peut se passer, lui donnent du fil à retordre au quotidien. Un jour, alors que Roxanne se rend à un marché aux puces, elle découvre une photographie de son arrière grand-oncle. Cette trouvaille inattendue bouscule aussitôt ses convictions. Rien n’arriverait donc par hasard…
Et sa tante Adèle qui réunit régulièrement les deux sœurs, Roxanne et Sophie, autour d’un cake au chocolat fera d’ailleurs tout pour convaincre Roxanne que les signes du destin existent bel et bien et qu’il y a lieu d’y être vigilant. Adèle, âgée et malade, veut préserver ses nièces de malentendus ou événements soudains qui pourraient surgir.
Depuis ce jour, la vie de Roxanne chancèle…
À travers un récit délicat baigné d’humour, l’auteur nous convainc que certaines circonstances ne sont pas toujours le fruit du hasard. Tout aussi délicatement, elle nous parle d’amour, de sentiments et d’hérédité.
L’histoire ronronne doucement, distille dans le cœur et l’âme un doux breuvage de sérénité et chaque chapitre embaume l’arôme suave de la pâtisserie.
Un court récit à la saveur sucrée qui fait du bien mais qui, à l’instar du cake au chocolat d’Adèle, ne sera qu’un plaisir fugace et ne restera guère longtemps gravé dans ma mémoire.
Le hasard a un goût de cake au chocolat de Valérie Cohen, éd. Luce Wilquin
Date de parution : 16/01/2017
Article publié par Catherine le 18 mars 2017 dans la catégorie
vin de table
« Ira était divorcé depuis six mois, mais il ne parvenait toujours pas à retirer son alliance. Son doigt s’était empâté à force de désir frustré, de remords intarissables et d’ambitions non réalisées, disait-il à ses amis. Je vais devoir me faire couper le doigt par un chirurgien. »
Pendant qu’Ira, récemment divorcé, accroché à une femme irascible, se démène tant bien que mal pour garder la tête haute, qu’ailleurs, quelque part, une femme se retrouve face à face au fantôme de ses anciennes amies, et qu’ailleurs encore une discussion politique houleuse prend une tournure venimeuse lorsqu’elle dérive sur l’effondrement des tours jumelles, les personnages de ces huit nouvelles sont tous impliqués dans des histoires embrouillées avec leur passé. S’entremêlent tour à tour des rancœurs et des violences larvées qui les mettent mal à l’aise au quotidien.
En toile de fond de ces bouts de vie séjournent désillusions et perte de repères, tant politiques qu’intimes qui entraînent les personnages, victimes de la dégringolade du monde de l’après 11 Septembre. Et dans cet univers, ils se débattent pour retrouver un semblant de lumière et une place dans la société d’aujourd’hui, qui semble leur avoir échappé.
Avec un humour décalé et une dérision, l’auteur nous entraîne à suivre les péripéties de ces héros en marge du monde américain actuel, rempli d’aberrations et de non-sens. Les brèves histoires qui s’enchaînent eussent pu être désolantes mais la plaisanterie qui s’immisce entre les lignes de ce recueil de nouvelles ôte bien vite au lecteur le sentiment de gravité et de sérieux que la thématique aurait pu donner. Certaines phrases teintées d’ironie resteront gravées en mémoire…
Et l’on se surprend à s’esclaffer du malheur des protagonistes de ces épisodes de désordre, tant l’auteur y a mis tout son cœur et sa plume pour nous divertir.
Un bon moment de détente dans ce mois de février de grisaille et de froidure…
Merci pour l’invitation par Lorrie Moore, éd. de l’Olivier
Date de parution : 12/01/2017
Article publié par Catherine le 7 mars 2017 dans la catégorie
Grand vin
Soledad a 60 ans, vit seule. Son amant l’a quittée et elle n’encaisse pas une telle injure. Ainsi se décide-t-elle de louer, le temps d’une soirée à l’opéra, les services d’un gigolo trentenaire, dans le seul but de rendre jaloux son amant indélicat. Mais pendant ce temps, s’ourdissent de sombres machinations auxquelles la belle sexagénaire avide de plaisirs de la chair ne s’attendait pas et qui la conduiront dans un cul-de-sac. La personnalité de Soledad est à la fois ambiguë et attachante. On la comprend et s’émeut de ce petit supplément d’âme qui la caractérise. Cette façon qu’elle a d’approcher le délicieux danger avec lucidité et humour nous touche et nous rapproche d’elle.
Dans cette histoire trouble et sulfureuse, Soledad se débat avec acharnement et ironie aussi. Et son histoire semble rejoindre celle des écrivains réprouvés qu’elle présentera à la Bibliothèque nationale.
Un roman au titre alléchant qui parle des affres du temps qui passe et nous délabre, mais aussi d’amour, de littérature et du destin qui fait parfois un virage à 180°.
L’héroïne, tantôt émouvante, tantôt exaspérante de dérision nous entraîne d’un bout à l’autre dans ses aventures au parfum de stupre et de débauche, qu’on lui pardonne volontiers car derrière cette envie irrépressible de sexe, se cache une femme attendrissante, vieillissante, désarçonnée d’avoir été larguée par son amoureux, parti pour une femme plus jeune et enceinte de ses exploits…
La deuxième partie du récit donne quelques rebondissements inattendus. Entre le jeune apollon et Soledad se tissent des liens troubles qui font ressurgir des fragments du passé, que je me garderai de dévoiler ici.
Le style pétillant et limpide et la plume désinvolte, mouillée d’humour, donnent à ce roman un caractère de journal intime d’une femme en quête de séduction, se gavant des délices de la chair pour refouler les dommages du temps…
Puisqu’il me faut enfin attribuer à ce roman un classement dans notre site, je ne lui donnerai que deux verres.
Autant cette histoire m’a beaucoup amusée, autant j’ai été déçue par le manque d’originalité de la thématique, sommes toutes assez banale…
La chair par Rosa Montero, éd. Métailié
Date de parution : 12/01/2017
Article publié par Catherine le 23 février 2017 dans la catégorie
Cru bourgeois
Attaché à ses origines et déterminé à suivre un parcours sans anicroches ni détours, il fait de brillantes études à Paris. Après une longue thébaïde, le narrateur revient au domaine pour revoir Thibaut, l’ami disparu, son meilleur ami, qu’il a trahi. Une longue amitié invincible qui s’est soldée par une trahison, quoi de plus impensable quand celle-ci était riche de confidences, d’échanges intimes, de fous rires inoubliables, de complicité. Des passions communes, la littérature et le cinéma, les réunissent souvent, resserrent plus encore leurs liens d’amitié. Et entre eux, il y a la jolie Camille, le rayon de soleil qui s’immisce voluptueusement, laissant une porte entr’ouverte…
Le narrateur retrouve son ami bordelais, Thibaut et à travers lui, Camille, qu’ils aimaient tous les deux. À son tour, Camille n’avait pu choisir. Elle aimait Thibaut mais aussi son ami. Et tour à tour, ils s’arrachent les uns aux autres pour se retrouver dans un huis-clos amoureux, à l’instar de Jules et Jim. Et c’est là que surgissent les appréhensions, les angoisses, les attentes, les déchirures, l’envie ardente de retrouver l’autre, cet autre aimé, interdit.
Et, alors que Thibaut et Camille pansent, fût-ce quelque temps, son cœur meurtri, le narrateur s’enfuit et abandonne tout à coup leur alcôve imposée, l’univers maudit de ce trio diabolique.
L’auteur dépeint l’histoire d’un destin amoureux improbable, qui sonne le glas de l’amertume et de la désillusion, laisse le cœur exsangue et meurtri. Un récit qui parle aussi d’un amour, le plus beau qui soit, celui qui vous remplit de fougue et d’émoi, quitte à ce que la chute soit irréversible.
Ainsi, ne vaut-il pas la peine de vivre cet amour à perdre la raison, à brûler son âme sur le bûcher de la raison et de la morale bien-pensante, et embraser quelques fragments de vie pour renaître de la morosité d’antan ?
Une écriture délicate, un style élégant, bien rythmé, donnent à ce récit l’effet d’un pas-de-deux enlevé ou d’une rumba endiablée qui invitent à rejoindre la piste de danse.
L’histoire d’une trahison qui prend un virage à 180°, un chemin de traverse…
Le meilleur des amis par Sean Rose, éd. Actes Sud
Date de parution : 04/01/2017
Article publié par Catherine le 8 février 2017 dans la catégorie
Grand vin
Une tour HLM à Bagnolet en banlieue parisienne, de laquelle la vue est imprenable… Du moins c’est ce qu’en dit Laura, une petite fille de 12 ans, d’humeur joyeuse et tout éblouie lorsque de sa fenêtre, elle aperçoit Paris, enfin, le périphérique et la tour Saint-Jacques au loin. Elle vit là-haut entourée de sa mère et d’Amalia, une amie sud-américaine et se réjouit de ce nouveau chemin de vie. Entre le collège, les garçons, sa copine Fatou à l’opulente poitrine, la vie coule doucement, jalonnée de joie et d’allégresse.
Elle correspond par écrit avec son père, prisonnier politique en Argentine, lui parle de sa passion essentielle, la lecture. Dans sa correspondance prolixe adressée à son père, elle jongle avec le passé en Argentine et le présent, son installation à Paris, où l’irréel s’immisce subtilement.
La petite Laura est attendrissante et l’on suit avec plaisir les péripéties de cette gamine déjà très mature qui raconte tout de go les étapes de sa vie, ses premiers achats de lingerie, ses rencontres avec les garçons et les nouvelles copines, qu’elle invitera à partager un gâteau. Et pendant ce temps-là, les échanges épistolaires avec son papa emprisonné en Argentine deviennent de plus sincères et empreints d’une véritable complicité, les rapprochant plus encore, même s’ils sont aux antipodes l’un de l’autre. Et le lecteur se sent un peu le témoin du combat mené par Laura pour garder le courage d’affronter avec l’adversité et la distance d’avec son père. L’on sent qu’on fond d’elle, il y a des pleurs larvés qui attendent que les soupapes se brisent…
Je n’ai hélas pas lu les précédents romans de Laura Alcoba mais celui-ci, pris en quelque sorte comme un train en marche, m’a néanmoins émue et replongée dans les années 80, riches d’innovations, de découvertes, que l’auteure évoque amplement dans ce nouvel opus.
Un roman succinct, délicat et fort à la fois. À travers une plume baignée de rosée et de fraîcheur mais aussi mouillée de mélancolie parfois, l’auteure nous émeut et nous livre un message profond, une histoire en camaïeu de gris clair et gris foncé…
La danse de l’araignée par Laura Alcoba
Date de parution : 03/01/2017
Article publié par Catherine le 29 janvier 2017 dans la catégorie
Grand vin