Joyce, écrivaine célèbre et auteure du présent roman, a 55 ans lorsqu’elle épouse Jim, l’homme de sa vie, son amour fou arrivé si tard. Mais qu’importe… Elle l’aime à perdre la raison. Après une vie sentimentale chaotique, un divorce pénible et quelques histoires sans lendemain, elle ne croyait plus à l’amour.
Un jour, Jim lui murmure « Tu raconteras cette histoire, la nôtre. ». Parce que Jim vient d’apprendre qu’il a un cancer du pancréas, ne lui laissant que peu de chance de vivre longtemps encore. Joyce est effondrée.
Après le décès de son amour, Joyce lui rend hommage et couche sur papier leurs trois ans de bonheur, depuis le début de leur histoire en passant par leurs moments d’amour grandiose, leur quotidien sans anicroche, même si celui-ci est entaché parfois de petites disputes, comme il en arrive au sein de chaque couple, leur complicité, leurs bouts de vie ensemble entrecoupés de courtes séparations.
Le temps a passé mais jamais n’a effacé le souvenir d’une histoire d’amour de trois ans, si brève mais si intense.
Joyce Maynard retrace à satiété toutes ces années de vie heureuse, cadencées çà et là de voyages dans la baie de San Francisco jusqu’au Guatemala en concerts rock et les dîners en tête à tête. Elle nous parle aussi de leurs combats à tous les deux face au crabe qui rongeait Jim, les traitements lourds qui le rendait fatigué, à bout de souffle, la rage contre ce mal qui les éloignaient l’un de l’autre et de l’amour toujours qui triomphait.
Et le ton est donné. Le lecteur se retrouve ici un peu comme le témoin indécent d’un journal intime, ou plutôt ne serait-ce pas l’auteur qui nous met un peu mal à l’aise de nous immiscer bien malgré nous dans cette histoire qu’elle aurait dû, à mon sens, cloisonner dans son cœur.
Au fil de ce long récit (432 pages…), l’auteur se raconte, s’épanche, déverse sans vergogne ses souvenirs jusqu’à nous mettre parfois devant le fait accompli, rendant en cela son témoignage un rien embarrassant parfois. Est-ce donc une nécessité de s’ouvrir sur la place publique ? Cette façon qu’ont certains auteurs de livrer leur intimité dans ce qu’elle a de plus secret est-elle devenue coutumière ?
Pour ma part, je reconnais que l’hommage rendu à l’amour de sa vie est certes poignant mais aurait peut-être mérité davantage de pudeur et de discrétion…
Un jour, tu raconteras cette histoire de Joyce Maynard, éd. Philippe Rey
Date de parution : 7/9/2017
Article publié par Catherine le 6 octobre 2017 dans la catégorie
vin de table
12 janvier 2010. À Port-au-Prince la terre tremble, laissant le paysage en pleine désolation. Dans cette ville dévastée Bernard, survivant, hurle désespérément. Car crier reste le seul moyen pour subsister. S’époumoner dans un paysage de gravats pour fuir la désolation, revivre un peu. Hurler aussi pour retrouver l’amour et le désir dans les bras d’Amore, son amante, une belle napolitaine travaillant comme bénévole dans une ONG. Bernard a le coup de foudre pour cette femme endiablée… Pour quitter ce paysage démoli, elle lui propose de partir à Rome. Bernard, fou amoureux, acquiesce.
À bord d’Ici-Bas Airlines, Bernard s’envole, les pensées remplies de toutes ces « belles merveilles » – une expression haïtienne – qu’offre une curieuse mappemonde. Mais dans ses pensées chaotiques, Bernard nourrit le rêve de retourner au pays.
À travers Bernard, son héros en perdition, l’auteur revient sur les sept dernières années qui se sont écoulées depuis le séisme. Chaque ligne est imprégnée d’amour, celui d’Amore qui l’a sauvé. Car auprès d’elle, il renaît. Entre eux surgit une belle complicité, une osmose, un amour infini. Lui, tourmenté, rêveur et elle fougueuse, ardente.
L’auteur nous dévoile tout de go les combats menés au quotidien par le peuple haïtien, sous le joug du colonialisme et de l’aberration de l’aide humanitaire, des ONG qui se remplissent les poches sans vergogne au détriment du peuple meurtri et démuni.
Sept années de débauche qui ont conduit Bernard à la perte totale de ses repères, lui qui a connu la folie, le sexe débridé, le trouble, sur fond de choléra et au rythme du Kompa.
L’auteur haïtien signe un premier roman bouleversant qui remue à l’intérieur. James Noël est un poète immense, indéniablement. Il a cette capacité de mettre le cœur en émoi, même le plus coriace, le plus inflexible.
Un récit enluminé, une plume magistrale et poétique trempée d’eau de rose. Un écrin de velours enveloppe ce roman-hommage à un peuple meurtri, mais qui invite chacun d’entre nous à une réflexion sur les dégâts insidieux de l’aide humanitaire Aussi une ode à l’amour, le vrai, le grandiose, celui qui sauve de tout…
Il me faut à présent classer ce roman dans une catégorie de notre site… Je lui donnerai trois verres pour la poésie que l’auteur insuffle entre les lignes, évitant en cela le pathos que la gravité du drame pourrait engendrer.
Belle merveille de James Noël, éd. Zulma
Date de parution : 24/08/2017
Article publié par Catherine le 26 septembre 2017 dans la catégorie
Grand vin
Pour fuir un père brutal, Gaspard, accompagné de son chien, vagabonde dans une forêt peu accueillante. L’enfant cherche à manger, court de gauche à droite, tombe et se blesse. Il est alors recueilli par un homme curieux. Est-ce un ermite ? Un fou ? Un mage ? Gaspard reste sur ses gardes, on ne sait jamais… Puis un matin surgit de nulle part une bande de baladins qui apportent un sac contenant douze vipères et enjoint l’hôte de Gaspard d’en préparer des potions.
L’enfant est d’emblée transporté par cette bande de larrons insolites et décide de les suivre désormais.
Vaille que vaille, dans cette caravane de bohémiens, Gaspard se ressource et s’émerveille. Et ces autres, ces marginaux, ces gens de peu lui redonnent goût à la vie, même si celle-ci porte les stigmates d’un passé douloureux.
Une légende sociale délicate et pleine d’émotions qui fait revivre les personnages légendaires de la Caravane à Pépère au début du XXe siècle. Un hommage magnifique à l’enfance et à la nature, souvent luxuriante et magique, mais parfois funeste et inamicale… Mais aussi et surtout une ode aux exclus de la vie, aux écorchés, aux va-nu-pieds qui se démènent tant bien que mal dans une société qui les pourchasse, sous le joug du pouvoir qui les opprime.
L’auteur livre ici une histoire qui illumine le cœur, nous envoûte jusqu’au plus profond de nos entrailles. L’écriture est rythmée, chaque ligne est baignée de poésie, gommant en cela la part d’ombre qui entoure les personnages, tous largués malgré eux, tous à l’âme de guingois. Et nous rendons grâce à l’auteur d’entourer d’un liseré d’or les contours de ces âmes meurtries, en leur offrant un premier rôle aux devants d’une scène de fortune.
Et d’un monde de pacotille et de hayons, d’où éclatent un cri de détresse, l’auteur fait ressortir un rai de lumière, un éclat d’espoir…
J’ai aimé ce récit que l’auteur a gardé cloisonné dans son cœur pendant plusieurs années avant de coucher sur papier ses rêves d’antan et de faire revivre les mots doucement endormis, les désarrois de l’enfance et l’appel de la forêt pour seul remède.
Le camp des autres de Thomas Vinau, Alma éditeur
Date de parution : 24/08/2017
Article publié par Catherine le 18 septembre 2017 dans la catégorie
Grand vin
Dégoûté de la société, un homme se retire à la montagne, dans un petit refuge perdu dans les bois. Horripilé par ce monde insensé, devenu vraiment insupportable à ses yeux, il quitte tout : famille, amis, collègues de travail et même ses nombreuses conquêtes féminines.
Ainsi, un beau jour, la montagne corse et la nature luxuriante l’appellent loin de ses repères, pour une thébaïde imposée, au risque de péter les plombs s’il n’abandonne pas cette vie de pacotille.
Rien de plus vrai que la nature se dit-il. Rien de plus envoûtant que les grands espaces, loin des tumultes de la vie. Il emporte quelques provisions et un fusil, convaincu que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais survivre au milieu de nulle part quand on n’y est pas préparé n’est pas à la portée de tout le monde et très vite, tout va basculer, laissant le héros en pleine dérive, déçu et bien démuni.
L’histoire d’un héros anonyme car l’on ne sait rien de lui, ni son nom ni celui des protagonistes qui l’entourent. L’on sait seulement que c’est la Corse qu’il choisit comme lieu d’exil.
L’auteur signe un premier roman où jouxtent quelques réflexions sur la folie humaine et vers quoi elle peut conduire. Un livre succinct habillé d’une jolie couverture (et c’est peut-être ce détail qui m’a amenée à le feuilleter, et sans doute aussi le synopsis qui semblait alléchant) qui séjournait sur le présentoir de la rentrée littéraire, un peu coincé entre deux autres plus épais et certainement plus attirants pour les quelques curieux ayant poussé leurs pas jusqu’à la librairie… C’est peut-être aussi cela qui m’a convaincue d’en faire l’acquisition.
Même si la lecture fut agréable et rapide puisque le roman ne s’égrène que sur 153 pages, je n’ai gardé de celui-ci qu’un souvenir fugace…
La fuite par Paul-Bernard Moracchini, éd. Buchet-Castel
Date de parution : 17/08/2017
Article publié par Catherine le 7 septembre 2017 dans la catégorie
vin de table
Aymon, un jeune bourgeois parisien, vit oppressé entre une mère possessive à outrance et un père moribond. L’été arrive et le conduit en Grèce. À Athènes, il rallie une bande de copains délurés et découvre tout à tour la liberté, le sexe, la musique et aussi la drogue. Et tout ce petit monde mène une vie de débauche sans se soucier le moins du monde de ce que seront les lendemains. Là-bas, il fera de curieuses rencontres. Il croisera Crevard, un globe-trotter expérimenté, Heinz, le copain dealer, Anji, qui a déjà trois overdoses à son passif, Kilian, guitariste talentueux et Naze, un pauvre hère qui arbore un tatouage infâme.
Au sein de cette tribu en perdition, Aymon s’enhardit peu à peu, même si le groupe se disloque, menant les uns à Tanger et les autres à Londres. L’été se termine bientôt et Aymon est contraint de rejoindre Paris et sa vie sans anicroche de petit …, abandonnant de la sorte une escale de pacotille, ses copains hippies qu’il aura du mal à oublier.
Nostalgie, quand tu nous tiens… L’auteur nous emmène dans le passé de son héros, entre dorures et snobisme de la vie parisienne et nonchalance et dérives d’une certaine échappée estivale, la plus belle de toutes pour Aymon.
Et déjà il repense à ce temps d’été et de liberté, sur fond de sexe, drogue et rock-and-roll, dont il gardera à jamais les stigmates. Mais, il doit se rendre à l’évidence, cette période valait-elle la peine d’être vécue ou n’était-ce qu’un feu de paille ?
Le style est enjoué et la plume virevolte comme un pas-de-deux d’une fin de soirée endiablée, nourrie de plaisirs et d’insouciance, loin de la grisaille parisienne.
J’ai passé un bon moment de lecture, fait un bond en arrière dans ma vie d’ado, certes, mais cette histoire ne restera dans ma mémoire qu’un souvenir fugace.
Un roman qui signe la fin des vacances et que l’on emporte dans l’avion du retour. Aussi, un récit qui annonce les prémices de la rentrée littéraire…
Aucun été n’est éternel de Georges-Olivier Châteaureynaud, éd. Grasset
Date de parution : 10/5/2017
Article publié par Catherine le 31 août 2017 dans la catégorie
Cru bourgeois
« Des cauchemars ont commencé à peupler mes nuits, et des insomnies à les rendre redoutables, je suis tombée malade, j’ai perdu du poids, le médecin m’a proposé des calmants, des somnifères, je l’ai envoyé au diable. Les idées noires dans ma tête s’étalaient comme une nappe de mazout sur la mer. Nous nous aimions ? Oui. Si fort. »
Martha a fait un virage à 180 degrés. Un accident très grave lui a fait perdre la mémoire et l’a rendue fragile, meurtrie. Certes, sa tête ressemble à un kaléidoscope, une radio à laquelle on a débranché certains câbles mais elle a gardé un cœur immense et le sens de l’émerveillement. C’est peut-être cela qui la tient debout… Autour d’elle il y a Martin, qui traduit des romans. Martin, son frère jumeau, son confident, le seul qui arrive à décortiquer les fragments de son âme meurtrie et qui l’aide petit à petit à sortir de sa thébaïde. Martha a un fils qui la croit atteinte d’une amnésie et de maux irréversibles et ne l’aide pas le moins du monde à reconstruire le château de cartes ébranlé qu’elle cloisonne dans sa tête.
C’est l’été, la nature a revêtu son manteau vert liseré de bleu, de ces fleurs sauvages qui portent le très beau nom de Veronica Longifolia. Martin emmène sa Martha dans un coin de Bourgogne, bercé par le clapotis d’une rivière. Une panne de voiture leur fait rencontrer Septime, un charmant garagiste, renié par sa famille de vignerons, qui se propose de les conduire chez leur hôte qu’il connaît bien. Puisque la réparation de la voiture prendra environ une semaine, ils profiteront de l’endroit et se laisseront porter par la quiétude du village. Au cours de leur séjour, ils se rendront chez Jeanne, une femme qui a compté dans la vie du père de Martin et Martha. Peu à peu, Jeanne s’épanche et finit par leur dévoiler les écorchures de son passé sentimental, jamais cicatrisées.
Et tandis qu’au cœur de ce village préservé, Martha se reconstruit doucement, Martin doit se rendre d’urgence en Irlande pour y retrouver l’auteur qu’il a traduit, soupçonné de plagiat.
À travers une plume délicate et éblouissante, que les habitués de l’auteur reconnaîtront d’emblée, nous voici dans un coin de Bourgogne, auprès de la douce Martha qui renaît vaille que vaille d’un drame qui la laissait pour morte deux ans auparavant.
L’amour et les émotions s’immiscent entre chaque ligne de ce récit. L’auteur esquive avec brio le caractère larmoyant et le pathos s’accrochant à l’histoire et l’on finit par retrouver, à travers la force et le sourire de Martha, l’audace de croire à la vie, même si celle-ci a basculé un jour.
Parmi les personnages, tous émouvants, j’aime particulièrement celui de Jeanne qui me parle, pour avoir connu des bouts de vie qui ressemblent aux siens.
Un ravissement. Indéniablement…
Martha ou la plus grande joie de Francis Dannemark
Date de parution : 16/6/2017
Article publié par Catherine le 18 août 2017 dans la catégorie
Grand vin
Walker, un jeune entrepreneur, est à la tête d’une société prospère au Nouveau-Mexique. Marié à la délicieuse et fortunée Sarah, père de trois enfants magnifiques, tout lui sourit. Qu’espérer de plus dans cette vie où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pourtant, le ras-le-bol de cette vie pépère s’installe doucement, le rend désabusé.
Et puis un jour, il s’en va, laissant tout derrière lui, sa jolie femme, sa carrière florissante. Il taille la zone d’un bout à l’autre du monde, à travers les contrées rarement explorées, les bouts de terre inaccessibles. Il s’enfuit, agence même sa mort. Mais, est-ce si simple de disparaître ? On pourrait le croire effectivement. Mais lorsqu’un détective rusé le retrouve, l’exil prend une autre tournure. S’ensuit entre les deux hommes une poursuite haletante.
Et Walker, avide de liberté se retrouve comme prisonnier de ses pensées. Dans cette geôle qu’est sa mémoire, il fait le compte à rebours de cette vie si classique qu’elle en devient affligeante de banalité. Un quotidien qu’il faut fuir à tout prix, quitte à se perdre dans le vide sentimental et professionnel. L’enjeu vaut-il la peine ? Perdre son honneur et l’amour de Sarah lui donneront de grands moments de réflexion.
L’auteur revient ici avec ses thématiques de prédilection : la liberté à n’importe quel prix pourvu que l’on respire à mille lieues de ceux qu’on aime, la quête de soi pourvu que le temps s’égrène loin des habitudes, de la routine et des lendemains un peu trop lisses.
Le héros n’a guère envie de rencontrer une autre femme, d’avoir un autre enfant, ou de se lancer dans un autre défi professionnel. Non, il aspire simplement à respirer à plein poumons, loin de tout ce qu’il a construit, de merveilleux certes, loin de ceux qu’il aime indéniablement. Ce qu’il veut ardemment ressemble à ses yeux à un trésor grandiose, le Temps. Prendre le temps de humer d’autres alizés, d’autres parfums, se laisser porter par une douce langueur, prendre des chemins de traverse.
L’atmosphère des grands espaces traversés, l’affrontement entre Walker et le détective donnent à cette histoire un caractère de film d’aventure. Incontestablement distrayant, je dirais que ce roman peut être emporté dans une valise pour agrémenter un séjour en vacances, mais qui pour ma part ne sera pas remisé dans les coups de cœur de ma bibliothèque.
Agréable, distrayant mais fugace…
L’homme qui s’envola d’Antoine Bello, éd. Gallimard.
Date de parution : 4/5/2017
Article publié par Catherine le 13 août 2017 dans la catégorie
vin de table
Présentation de l’éditeur :
« Et si vous étiez destinée, ou condamnée, à rêver d’hommes que vous rencontrez dans des trains ? »
André, un professeur à la retraite dans le Périgord, correspond avec une jeune collègue parisienne qu’il n’a jamais rencontrée. Il l’aide à corriger ses copies. Au fil des années, leurs échanges se remplissent de confessions intimes. Mais André meurt subitement.
Son fils Georges découvre cette correspondance avec émotion. Au lieu d’annoncer à Madeleine la mort de son père, il continue à lui écrire en se faisant passer pour André. Il recueille ainsi ses confidences sur l’homme qui la fait rêver dans le train de banlieue qu’elle emprunte pour aller au lycée…
Mon avis :
Voici un charmant roman épistolaire, mais est-ce un roman très réaliste ou une véritable histoire vécue ? Dès le début, le lecteur entre dans cet échange de courrier, puis de mails à teneur assez littéraire, entre deux inconnus, une professeure parisienne et un professeur retraité, qui se charge de l’aider, et retrouve par là même ses racines… Et découvre aussi une personne qui a aimé, sans doute, un inconnu croisé dans une rame. Peu à peu, la professeure conte ses émois face à l’inconnu qu’elle croise tous les jours, et à qui elle n’ose parler. Ils s’échangent des œillades, mais quelles en sont la portée ? Simples regards curieux ou ébauches de sentiments ? À son tour, le professeur retraité dévoile ses émotions, son passé, ses reculades… L’échange par courrier se transforme en un écrin d’intimité, où le lecteur s’immisce et découvre des personnalité profondes et attachantes…
Comme l’annonce la quatrième de couverture, le retraité décède, et c’est le fils de celui-ci qui reprend la correspondance. Peut-être eût-il mieux valu passer cet élément sou silence, car c’est une clé, un tournant du récit. C’est alors le fils qui entre dans la vie de la jeune femme, complice du lecteur. Et ce qui s’annonçait comme une simple correspondance prend alors un nouveau départ, ce qui sauve le récit de l’ennui et lui donne une autre dimension…
Un livre épistolaire à trois voix donc, en alternance, jamais lassant, avec ce qu’il faut de détails et de suspens pour avoir envie de dévorer les pages. Si l’on ajoute les nombreuses citations d’auteurs classiques, ce qui donne envie de les relire, il en résulte un ouvrage aussi émouvant qu’intéressant, écrit dans une langue travaillée, mais fluide cependant. Le lecteur voyage en compagnie de ces personnages, il entre tour à tour dans les pensées de l’un puis de l’autre, ses émois, ses doutes, qui se partagent de page en page et de plume à plume.
L’inconnu du RER C de Catherine Choupin. Éditions Librinova
Date de parution : 21/6/2017
Article publié par Noann le 6 août 2017 dans la catégorie
Grand vin