Les sables du Jubaland – Yann Queffélec
Pour ce énième roman, Queffélec a choisi comme lieu les plages de Somalie, et comme héros deux bandes plus ou moins rivales d’adolescents paumés. L’une menée par Raf, l’insolent, avec à sa solde un gamin mutilé : Menalek. L’autre menée par son frère Zou et Dalia, amoureux fous un peu naïfs . Ils rêvent de paradis, de prospérité, et pour eux le seul véritable espoir c’est le Blanc, qu’ils envient à travers les magazines. Raf lorgne les bateaux qui croisent au large avec l’envie furieuse de les déposséder. Zou contacte un passeur véreux qui lui demande une somme astronomique : 400 euros, qu’il va se procurer par un vol.
Roman qui se veut réaliste, les sables du Jubaland m’a parfois plu pour son ton excessif, et m’a parfois déplu pour son ton excessif. De la plume ne coule que du vitriol. Les mots sont exacerbés, comme pour mieux faire entrer quelque chose dans nos esprits, mais quoi ? L’écriture est à la fois stylée et grivoise. Curieux mélange. Même le prêtre est râleur et gouailleur. Le côté réaliste m’a semblé réussi, mais j’ai trouvé que les dialogues ressemblaient parfois plus à une ripaille d’étudiants de l’ENA qu’à des échanges entre adolescents quasi-illettrés.
Malgré la force des propos, je me suis parfois ennuyé, car l’histoire est plutôt longue et statique.
On ne sait jamais à quoi s’attendre en ouvrant un roman de Queffélec. Le style des Noces barbares était excellent. Pourquoi n’a-t-il plus jamais écrit aussi bien ? Il aurait dû garder les mêmes collègues, amantes et nègres.
“Il était arrivé que Menalek, furieux d’avoir dû patienter, leur pissât dans la figure et qu’un flot d’urine inondât leur bec écarquillé d’agonie”
“La saison des couilles en or s’ouvrait”
“Une lisière argentée frémissait à l’horizon. Elle n’y était pas l’instant d’avant. Zou sourit d’une oreille à l’autre. La mer, son pays natal..”
Les sables du Jubaland – Yann Queffélec – Plon