Il est rare qu’une actrice ou une chanteuse réussisse dans le milieu difficile de l’écriture (à chacun sa spécialité remarquez bien…). Toutes ou presque s’y sont risqué, avec des résultats divers, souvent peu convaincants… On ne citera personne. Y aurait-il une antinomie dans les talents, qui rend impossible d’être bonne dans plusieurs registres ? Nous poserons la question à Sheila …
Anny Duperey a réussi le pari d’écrire des livres intéressants, sans se hisser au panthéon des sommités littéraires, mais avec un réel talent de conteuse…
Son écriture n’est pas celle d’un écrivain, mais ses phrases sont justes, bien écrites sans être simplistes.
Nous sommes passés avec bonheur d’une page à l’autre de ce livre où l’actrice évoque pèle-mêle sa vie, son métier, et surtout ses chats. En réalité, bien qu’elle aime parler de sa personne, ce n’est pas une auto-biographie d’Anny, mais plutôt une félino-graphie. Pour qui sait apprécier les félins, ce livre est juste et divertissant. Ceux qui ne les aiment pas… eh bien en voyant le titre ils auront passé leur chemin…
Anny Duperey a su utiliser subtilement sa vie de comédienne connue pour enrichir le récit, sans pour autant être narcissique. De petits souvenirs de sa carrière jalonnent le texte.
Les Chats de hasard – Anny Duperey. Collection Points (poche)
Article publié par Noann le 21 janvier 2010 dans la catégorie
Grand vin
Maxence Fermine est un véritable orfèvre de l’écriture. Ses mots sont ciselés, ses personnages façonnés comme les statues d’un graveur.
Le labyrinthe du temps est une allégorie fantastique et philosophique. Un archimandrite, sorte de prêtre orthodoxe, est envoyé dans le monde par le tsar. Il échoue sur une île mystérieuse, inconnue et absente de toute carte. Sur cette île dénommée Labyrinthe se déroulent des phénomènes étranges. Le temps semble rythmé par une clepsydre, horloge ancienne actionnée par l’eau. Personne ne sait comment on s’échappe de ce lieu singulier. Les malheureux qui ont tenté une escapade se sont perdus. L’archimandrite se prend de passion pour l’île et tente de décrypter le mystère qu’elle cache. Il possède un coffret qui contient une clé. Cette clé, associée à deux autres, permet de découvrir le trésor de vérité, révélation sur l’homme et son destin.
Les dernières pages donnent au récit toute sa force et sa philosophie. Cette histoire d’archimandrite est archi-sympathique à lire !
Le labyrinthe du temps – Maxence Fermine. Éditions Albin Michel.

Principe de la clepsydre (source Ulg)
Article publié par Noann le 19 janvier 2010 dans la catégorie
Grand vin
C’est l’histoire d’Anna, petite fille blessée dans un jeu brutal, Traquette, un tortionnaire, meurtri de misère et de solitude, qui se fera lui-même torturer au cours d’un règlement de compte, Thomas, épileptique, enfermé
dans une hôpital psychiatrique pour des faits qu’il n’a pas commis, Marie qui va rencontrer Thomas et le ramènera à la vie. C’est aussi l’histoire d’une idylle qui naît entre Françoise, la mère d’Anna, et Thomas …
Une histoire d’âmes inquiètes, de corps troublés, d’hommes chancelants qui se cherchent dans un monde insensé.
Dans ce roman, l’auteur nous conduit au travers des aventures croisées de ses nombreux personnages, de ses inquiétudes sur l’évolution de notre société : perte de repères, de culture, inégalités, dangers de l’argent. Chacun des personnages cherche un sens à sa vie. Les personnages sont attachants, les caractères et personnalités de chacun décrits et analysés en profondeur. C’est un roman qu’il faut lire, soit d’une traite, soit à tout le moins en poursuivre la lecture sans laisser trop de temps entre les moments de lecture car ce n’est pas un roman facile …
L’Obscur – Jeanne Labrune – Editions Grasset, 2007
Article publié par Catherine le 18 janvier 2010 dans la catégorie
Grand vin
Jouer au hasard sa propre mort. A priori l’idée de base peut paraître saugrenue, voire irréaliste.
Un homme déshérité, qui a perdu son boulot et tout ce qui va avec, maison, femme et enfants, veut se suicider. (jusque là rien d’extraordinaire par les temps qui courent…). Il rencontre dans un bar glauque un individu étrange, qui lui dit de but en blanc : “Vous voulez en finir ? Suivez-moi !” Et là ça devient tout de suite surprenant…
Le suicidaire suit ce personnage à l’accent russe et se retrouve sur une scène devant une salle obscure et anonyme. Sur une table est déposé un revolver dont la barillet contient une seule balle. Tout autour le sol est maculé de sang, le prédécesseur n’a pas eu de chance !
Notre malheureux va échapper au sort, et il va récidiver. Chaque mois, il recommencera ce pari fou avec la mort devant une salle médusée.. et conquise. On l’appelle “le Protégé”. Il devient une vedette, connait le succès, l’argent… et l’amour !
Il s’ensuit un imbroglio qui aurait vite sombré dans le ridicule, n’était le talent de l’auteur qui donne une dimension intéressante à cette histoire étrange. On peut juste regretter une certaine insistance dans l’écriture, et un ton parfois pessimiste ou moralisateur, qui sied cependant bien au personnage principal, qui est aussi le narrateur. On attendait une fin en apothéose… Elle nous a semblé un peu faible par rapport au début.
Un récit de vie attachant, plein de philosophie et même d’humour, vu sous un certain angle !
Je vous raconterai. Alain Monnier. Éditions Flammarion. 17 €
Article publié par Noann le 16 janvier 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Philippe Claudel est un écrivain particulièrement éclectique, tant au niveau du style que du contenu.
Entre le ténébreux “les âmes grises”, et le limpide “La petite fille de Monsieur Linh”, on trouve différentes écritures.
“J’abandonne” est un livre qui se lit d’une traite, le matin dans l’autobus ou mieux encore, dans le métro quand la tension nerveuse est à son comble et qu’une main d’hominidé tente de remonter subrepticement les bas-collants.
A vrai dire, on se demande si Claudel lui-même ne l’a pas écrit sur un strapontin dans la cohue des heures de pointe.
Plus qu’un roman, il s’agit d’une gueulante, sorte de diatribe où l’auteur sort ce qu’il a sur la patate comme un boulimique-vomitique en période de crise.
Ce livre ne me semble pas pour autant sans intérêt.
Claudel a inventé une histoire à ne pas dormir debout, et même à ne pas dormir du tout pendant deux semaines. Le personnage principal, qui est aussi narrateur, occupe une fonction assez étrange de fonctionnaire chargé de proposer à la famille d’un défunt la récupération de ses organes. Il n’aime pas son métier, abhorre la société tout entière, et nous le fait savoir de la manière la plus simple qui soit.
C’est efficace et rappelle un peu “J’irai cracher sur vos tombes”, de loin.
Même chez les “grands” écrivains, l’écriture est un besoin, un défouloir parfois…
J’abandonne. Philippe Claudel. Editions Gallimard / Folio
Article publié par Noann le 16 janvier 2010 dans la catégorie
vin de table