J’abandonne – Philippe Claudel
Philippe Claudel est un écrivain particulièrement éclectique, tant au niveau du style que du contenu.
Entre le ténébreux “les âmes grises”, et le limpide “La petite fille de Monsieur Linh”, on trouve différentes écritures.
“J’abandonne” est un livre qui se lit d’une traite, le matin dans l’autobus ou mieux encore, dans le métro quand la tension nerveuse est à son comble et qu’une main d’hominidé tente de remonter subrepticement les bas-collants.
A vrai dire, on se demande si Claudel lui-même ne l’a pas écrit sur un strapontin dans la cohue des heures de pointe.
Plus qu’un roman, il s’agit d’une gueulante, sorte de diatribe où l’auteur sort ce qu’il a sur la patate comme un boulimique-vomitique en période de crise.
Ce livre ne me semble pas pour autant sans intérêt.
Claudel a inventé une histoire à ne pas dormir debout, et même à ne pas dormir du tout pendant deux semaines. Le personnage principal, qui est aussi narrateur, occupe une fonction assez étrange de fonctionnaire chargé de proposer à la famille d’un défunt la récupération de ses organes. Il n’aime pas son métier, abhorre la société tout entière, et nous le fait savoir de la manière la plus simple qui soit.
C’est efficace et rappelle un peu “J’irai cracher sur vos tombes”, de loin.
Même chez les “grands” écrivains, l’écriture est un besoin, un défouloir parfois…
J’abandonne. Philippe Claudel. Editions Gallimard / Folio