Certains cœurs lâchent pour trois fois rien – Gilles Paris
« Le problème est que nous cherchons quelqu’un pour vieillir ensemble alors que le secret est de trouver quelqu’un avec qui rester enfant. » (Charles Bukowski)
« Les cliniques spécialisées, je connais. Je m’y suis frotté comme on s’arrache la peau, à vif. Les hôpitaux psychiatriques sont pleins de gens qui ont baissé les bras, qui fument une cigarette sur un banc, le regard vide, les épaules tombantes…. J’ai été un parmi eux.»
Parce qu’un jour, les vents contraires s’acharnent…
Quand l’auteur de huit livres à succès chancelle sous le joug de la dépression, ce mal sournois qui frappe sans crier gare et vous enferme dans une Thébaïde imposée, vous emprisonne dans un huis clos duquel vous ne sortez pas sans l’aide des médecins de l’âme, une béquille salvatrice que sont l’enfermement et la prise de substances qui vous laissent entrevoir un coin de ciel bleu.
D’aucuns s’interrogent et diront aisément que huit livres qui marchent bien, les nombreuses dédicaces et émissions mettant en exergue les romans dès leur publication, les entourant d’éloges et de gloire auraient pu suffire à éluder le mal-être et les meurtrissures insidieuses de l’âme. Certes, mais l’auteur a fléchi et relate sa vie grignotée par ce mal sournois, les huit dépressions qui l’ont mené d’un établissement psychiatrique à l’autre, et comment il a pu renaître sans replonger, grâce à ses amis, ses amours, ses diverses activités dans le monde de l’édition et ce message d’espoir qui ne s’est jamais évanoui au fil des chancellements de l’âme, des dépressions qui se sont enchaînées l’une après l’autre.
Dans ce nouvel opus, Gilles Paris raconte avec pudeur et humilité son chemin à travers les méandres de la dépression, son combat sans relâche pour des lendemains baignés de soleil, nous livre tout de go ses réflexions, ses questions sans réponse, ses ressentis lorsqu’il termine un roman, ses bouts de vie entre gris clair et noir profond, ses ciels désolés et ses espoirs d’arcs-en-ciel, Laurent, la moitié, le double, l’essentiel. L’enfance tiraillée entre, un père odieux et violent tant verbalement que physiquement, qui l’a toujours méprisé, et une mère qui vivra dans le souvenir d’un mari volage sans jamais cesser de l’aimer, les silences, les non-dits, le manque d’amour paternel, de reconnaissance… Après cela, comment grandir et se frayer un chemin dans ce monde ingrat, trouver sa place dans la mêlée. Il faut être solide et certains cœurs lâchent pour trois fois rien…
Le mien a juste battu la chamade par tant d’émotions, de désespérances suivies d’éphémères soubresauts, qui s’immiscent entre les lignes à chaque instant…
À lire d’urgence pour survivre à tout prix…
Certains cœurs lâchent pour trois fois rien de Gilles Paris, éd. Flammarion