D’amour et d’ombre – Isabel Allende
Second roman d’Isabel Allende, après « La maison aux esprits », « D’amour et d’Ombre » entraîne le lecteur dans un Chili ravagé par la dictature militaire ; période de drames et de terreur pour une majorité, de cécité confortable et têtue pour une grande bourgeoisie qui s’accroche à des privilèges en voie de délabrement.
L’histoire est celle d’un amour qui ne grandira pas sur un lit de pétales de rose, mais sur le terreau macabre des assassinats clandestins aux heures les plus noires de la répression militaire.
Irène Beltràn, jeune fille bourgeoise et bohème, étrangère aux convenances de son milieu social, est journaliste. Francisco Léal, issu d’une famille rescapée de la guerre civile espagnole, résistant par tradition familiale, est son photographe de presse. Depuis toujours, Irène doit épouser un capitaine de l’armée : Francisco doit se contenter de l’amitié de la jeune fille.
Tous deux vont réaliser un reportage presque ordinaire pour la région : Evangelina, une jeune paysanne épileptique qu’on dit un peu sorcière, fait des miracles. C’est ainsi qu’incidemment, ils soulèveront la chape de plomb scellée sur les massacres perpétrés par les acteurs de la répression. Poursuivis, menacés de mort, les deux jeunes gens se réfugieront dans l’exil.
Dans un style passant du tragique au comique, touffu et bigarré (ce qui n’est pas sans rappeler celui de Gabriel Garcia Márquez), Isabel Allende enchevêtre des univers que tout sépare, où vivent des personnages uniques et étonnants, parmi lesquels naturellement, se distinguent les femmes.
On ne peut ignorer le talent narratif de l’auteur, son sens du détail, son habilité à brosser en profondeur les décors et les personnages.
Pour qui, comme moi, apprécie tout particulièrement la littérature latino-américaine, ce roman est un pur bonheur.
D’AMOUR ET D’OMBRE- Isabel ALLENDE. Editions LGF/Livre de poche