Philippe – Camille Laurens
“Son visage était bleu, tuméfié – visage de martyr qui respirait à la fois, aussi absolues, la connaissance et l’innocence. Philippe, né à 13h10, mort à 15h20, tu as eu deux heures pour accomplir ta vie d’homme, en faire le tour… moi j’ai eu deux minutes pour être mère. Enfant défunt, mère défunte.”
Camille Laurens écrit avec brio sa tragédie la plus intime de femme, la mort d’un enfant, le premier, qui a eu tout juste le temps de naître et de connaitre la souffrance. C’est cette mort qui va l’amener à l’écriture, auto-biographie et autofiction.
Tout est dit en quatre-vingts pages. Il n’en fallait pas plus à cette brillante auteure pour exhumer le désarroi, mener l’enquête, décrire les sentiments, donner des extraits de rapport d’expertise. C’est dit avec force et sans cri, ce qui rend cette tragédie d’autant plus poignante. Accident, fatalité ou laxisme ? Le lecteur découvre atterré la vérité, telle qu’elle est, stupide et agaçante de simplicité.
“Yves répétait souvent cette idée, que peu importe la durée de la vie, que, même, peu importe son effective réalité : il suffit qu’on l’ait imaginée”
Philippe – Camille Laurens -Editions POL, Gallimard, Folio