Les Chaussures italiennes – Henning Mankell
Henning Mankell est un auteur suédois, spécialisé dans le polar, qui passe une partie de sa vie au Mozambique et a écrit de nombreux textes sur l’Afrique. On se serait attendu pour son dernier titre, “les Chaussures italiennes”, à une histoire mouvementée et chaleureuse. Oh surprise ! Mankell installe son récit dans un bled perdu, une île à trois nautical miles au large de la Suède. Pas un voisin à des kilomètres. -25 °C. Rien de bien folichon a priori. Je me suis dit: 340 pages sur ce trou perdu, on va s’ennuyer ferme. Le personnage principal, médecin de 66 ans désabusé, vit reclus après avoir commis une erreur médicale. Alors il ressasse.
Chaque matin, le sexagénaire creuse un trou dans la glace et s’y enfouit complètement nu. Drôle de pratique, même pour un Suédois. Et un jour, une vieille amante délaissée débarque, 37 ans après, transie de froid. Décidément, ce peuple est original ! Elle lui remémore une promesse faite quand il avait dix ans et lui demande de la respecter. En passant elle lui révèlera un secret…
Nous sommes ici clairement dans le roman nordique, lent et figé comme l’hiver boréal. Mais la froideur n’est qu’apparente. Ce récit est d’une profondeur insondable et les personnages sont attachants. Quand ils écrivent, les gens du Nord vous pondent des chapitres à n’en plus finir sur leur existence paisible, mais c’est riche et aussi chaleureux qu’une soirée à Ibiza, le calme en plus.
Ce conte philosophique est émouvant. En revanche, on pourrait être lassé par le ton un peu monotone et introspectif. Le style à mon avis aurait pu avoir plus de caractère. Il n’échappe pas au côté un rien formaté et scolaire de la traduction, peut-être trop littérale ? J’ai cru deviner les résidus de l’influence germanique sur la langue suédoise, un peu comme cette rigueur et cette géométrie qui se ressentent parfois dans les livres traduits de l’allemand.
Les Chaussures italiennes – Henning Mankell – Le Seuil