Concerto à la mémoire d’un ange – Eric-Emmanuel Schmitt
Quatre textes présentés comme des nouvelles… plutôt de courts romans en fait. La définition de la nouvelle est variable, entre la novella et la short story. Mais le plus souvent, elle est définie comme ‘un texte avec peu de personnages, centré sur un événement, une écriture vive qui se lit d’une traite et se termine par une chute finale. Ici, s’il y a bien une chute, en revanche le récit s’attarde, s’égare parfois, et se déroule sur de longues périodes de vie.
Des êtres face à leurs tourments, des personnes au caractère bien trempé, qui sont coupables de faits graves, mortels tant qu’à faire, et se retrouvent confrontés à leur conscience. Certains s’amenderont, d’autres pas. EE Schmitt écrit avec fièvre et force, comme sous l’emprise d’un démon. Un journal en annexe explique son envie pressante de conter, une sorte de besoin naturel ou un désir libidineux. Écriture riche, précise, rigoureuse. A contrario, quelques longueurs et répétitions enlèvent de l’intensité. Le rabâchage fatigue un peu, on dirait qu’il veut nous convaincre de faits déjà fort convaincants en soi. Comme l’écriture est musclée, le côté répétitif donne un résultat proche d’une séance interminable de musculation. J’ai lu sans déplaisir mais par petites doses. Les textes ont suscité en moi des réactions diverses. C’est surtout le troisième qui m’a ému, lequel a d’ailleurs donné son titre au livre. Histoire de deux amis, rivaux dans l’art, l’un laisse mourir l’autre pour guigner un prix…
Je pense que le talent d’EE Schmitt ne se révèle pas pleinement dans ce recueil. A mon avis, quelques coupures et élagage n’auraient pas fait de tort. Le style pourrait être parfois plus nuancé et moins en force. Le résultat aurait pu être encore meilleur.
Extraits :
“Pas étonnant qu’il ait pourri dans un poste d’enseignement, sans rencontrer le public, il n’avait jamais pigé que tout est duel, toujours”
“Pas un homme mais un graffiti d’homme, un brouillon, une esquisse, un raté…”
‘Car Greg n’avait fabriqué que des filles, sa semence était impuissante à générer du mâle…”
Concerto à la mémoire d’un ange – Eric-Emmanuel Schmitt. Albin Michel