Dans la fuite incessante – Denis Arché
Ce roman ne manque pas de charme…. On peut se laisser séduire par le jeu de Johanna, jeune et belle flamande qui ouvre une parenthèse sur son couple, passe un contrat avec un amant de passage pour une grossesse, se cherche et s’enfuit, semble ne jamais se trouver, si ce n’est dans la vie d’une autre jeune femme.
Les dialogues sont très présents. L’auteur les rend naturels à force d’interjections et d’hésitations, parfois un peu trop il me semble. Les personnages sont vivants mais quelques banalités dans leurs répliques pourraient assoupir et éloigner le lecteur exigeant de notre époque. Les 70 premières pages m’ont paru un peu monotones après le départ de Johanna, mais tout à coup, voilà dans la foulée une mort, une tromperie, une fourberie, un peu d’action.
Les descriptions m’ont parfois déçu. Bruges, Ostende et Blankenberge sont des villes très particulières, qui auraient pu bénéficier d’un dessin plus fidèle et conforme à la réalité. Un peu trop de légèreté à mon gout, des paysages interchangeables, où le vent et la couleur verte sont souvent utilisés. C’est un peu trop “Français”. J’ai vérifié la rue Luiza à Bruges… je ne l’ai pas trouvée dans les annuaires. Pas plus que le “Hussard vert” ou d’autres lieux. Il y a me semble-t-il quelques imprécisions et invraisemblances. Par exemple : “Par la fenêtre on voit presque jusque l’Angleterre…”. Difficile à croire vu la distance : 60 kilomètres. Certes, “Dans la fuite incessante” n’est pas un roman qui se veut profondément ancré dans la réalité. C’est un texte à ambiance et à couleurs, une mélodie de mots. Néanmoins il perd un peu de crédit (à mes yeux) par les paysages plus inspirés du midi que du nord.
En ce qui me concerne, plaisir de lecture mitigé, mais sans doute suis-je trop rationnel. J’ai eu du mal à me projeter dans ce plat pays qui est pourtant le mien. Mais si on fait fi de cette particularité, l’histoire est attachante. J’aurais aimé un peu plus de réalisme.
Extrait :
“Peut-être se souvient-il de l’avoir embrassée là, jadis, et de l’avoir fait chavirer, rien qu’avec sa bouche sur ces plis-là, son souffle, comme si par ce petit orifice son corps disait à son corps ce que personne ne peut savoir.”
Dans la fuite incessante – Denis Arché. Éditions du Seuil