Cru bourgeois

Le temps suspendu – Valeria Parrella

Maria est la maman d’un grand prématuré, de ceux qui sont extraits inconscients, les poumons inactifs. Le temps seul pourra dire s’il s’en sortira, et avec quel pourcentage d’infirmité. A l’hôpital, les mamans sont suspendues aux moniteurs et aux graphiques qu’elles comprennent mal, mais savent par leurs observations que 40 jours sans respirer, c’est long, 50 jours, c’est critique. Maria se réfugie dans son travail, professeur pour des adultes défavorisés, camionneurs, femmes de ménages, étrangers sous la coupe d’un plan social.

Tout un contexte pour ce roman paru en italien et traduit parait-il dans plusieurs langues. La traduction aurait pu selon moi être plus soignée, j’ai eu parfois l’impression qu’il avait été traduit en turc avant de passer au français. Quelques phrases imbuvables, surtout au début, chez livrogne on n’aime pas ça. Heureusement le traducteur a cuvé en cours de route. Et l’auteure elle… Elle nous livre quelques états d’âme sans insistance, avec plus ou moins de simplicité. Elle a évité le piège du faux pathétique, mais j’ai trouvé que le propos manquait parfois de force. Je n’ai pas toujours ressenti les angoisses d’une mère devant l’impuissance. On sent que ce n’est pas du vécu, même si le milieu médical est assez bien dessiné. J’avais lu “Philippe” de Camille Laurens dans le même registre, avec une écriture exposant 10. A côté, le roman de Valeria semble fade… J’aurais aimé lire la version originale à titre de comparaison, mais il me faudrait apprendre l’italien, avant. J’ai renoncé. Pour conclure, une lecture pas désagréable dans l’ensemble mais qui manque de quelque chose.

Extraits :

Ils procédaient par tâtonnements et erreurs. Le médecin-chef appelait une maman et lui annonçait qu’après avoir réduit pas paliers le pourcentage d’oxygène, ils allaient essayer de débrancher son bébé…

Je mesurais les jours qui passaient à la taille de la main d’Irène serrant une de mes phalanges

Le temps suspendu – Valeria Parrella. Éditions du Seuil.

Article publié par Noann le 31 juillet 2010 dans la catégorie Cru bourgeois

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