Photo-Photo – Marie Nimier
Une femme écrivain est conviée à une séance de photos organisée par Paris-Match à l’occasion de la rentré littéraire 2008. Elle y rencontrera le célèbre Karl Lagerfeld. Cette rencontre est le point de mire du roman, un leitmotiv qui revient et sert de prétexte à tout… et n’importe quoi.
Une vieille dame a remarqué les baskets couleur tilleul que portait l’écri-vaine (et même écri-très-très-vaine) et lui envoie une gentille lettre pour lui demander où elle pourrait s’en procurer. L’auteure tente d’en trouver sans résultat, mais piquée par la curiosité, elle rencontrera la dame à son hôtel. Il s’ensuit un imbroglio, une suite d’anecdotes exploitées à l’extrême, comme si l’auteur n’avait rien à dire mais voulait le dire quand même. Ça ressemble un peu au babillage de ces vieilles personnes qui parlent de leurs souvenirs avec confusion, et passent d’un détail à l’autre sans ordre apparent, genre on passe de la grossesse d’Astrid au cancer du grand-oncle Henri en ’92 (1892). J’ai commencé réellement à attraper des petits boutons quand l’écri-vaine raconte ses visites chez l’ophtalmo, non pas une visite, mais X visites, sur 30 pages, avec une profusion de détails superflue et même agaçante.
Il y a des livres qu’on aime, ceux qu’on n’aime pas, et je viens de découvrir une nouvelle catégorie : ceux qui donnent des pustules partout. Pourtant ce livre comme tout autre doit bien avoir une qualité? Disons que l’auteur a une faculté d’exploiter le moindre détail et une capacité à allonger la sauce vraiment extraordinaire. Le style… Chargé d’afféteries, de lourdeurs. Au début j’ai lu attentivement. Mais au bout d’un temps, je me suis aperçu qu’on pouvait lire une ligne sur deux, sur trois, sur quatre. Finalement je ne lisais plus que la première ligne de chaque paragraphe.
Je profite du mauvais temps pour mettre par écrit le récit du voyage à Paris. Je me dis qu’il faudrait remplacer le mot chat par le nom du chat, son vrai nom ou un autre, inventé, pourquoi pas justement Baden-Baden, ou Guillaume, ou Milky, mais quand j’essaie de le faire les phrases sont bancales et l’angle ne tient plus. Ses branches se disjoignent. Peut-on parler des branches d’un angle, comme des branches d’un arbre ou d’une paire de lunettes ? Ce qui m’intrigue dans cette figure, c’est le fait que ses côtés, appelons-les des branches, peuvent se prolonger à l’infini, mesurer trois centimètres ou plusieurs milliers de kilomètres, et l’angle restera rigoureusement identique… Il se définira de la même façon, comme on dira d’une mère qu’elle est une mère, même si elle bat ses enfants.
Photo-Photo – Marie Nimier – Gallimard