Divagations sur la fin des temps – Jérôme Dumoulin
Dès les premières pages, l’auteur annonce son intention : il entreprend de déceler les prémices d’une proche fin des temps … Et d’emblée, l’on est pris de frissons. L’auteur, qui fut attaché à la Société française d’astronomie, s’appuie sur ses connaissances scientifiques pour livrer au lecteur un univers qu’il connaît bien. Rien n’échappe donc à cet écrivain-astronome. On le suit avec plaisir dans sa démarche, dans ses recherches sur la transformation animale et végétale et on arrive à la même conclusion que lui – il nous en convainc avec ferveur – : la planète est fichue.
Voici le lecteur promené aux quatre coins du monde, entre la mutation d’un reptile et d’une plante, un feu lunaire, une épidémie çà et là, en faisant le lourd constat que la fin des temps est toute proche …
Cependant, au fil du récit, le lecteur est tourné en bourrique … La démonstration de l’astronome dérape et on se sent insidieusement floué entre humour et fantaisie exacerbés, ce qui donne au discours une autre connotation.
Et le discours de ce Professeur, astronome, écrivain bascule … entre le vrai, le possible et l’improbable.
Un coup de maître pour cet auteur qui revient après une longue thébaïde, avec un essai savant, cocasse et original (j’ai aimé particulièrement les têtes de chapitre en latin …), certes … mais le côté didactique prend rapidement le dessus et on a l’impression de se retrouver sur les bancs du lycée, buvant l’enseignement d’un professeur de sciences qui s’égare et délire …
« Certains animaux, par de curieuses métamorphoses, prennent la voie du gigantisme : où s’arrêteront-ils ? L’homme à son tour est touché par cet inexplicable dérèglement de la nature. Ses sens le trahissent. Sa vision est altérée par les corps flottants, encore appelés mouches volantes ; son ouïe subit l’assaut des acouphènes, bruits imaginaires à rendre fou. La peau la plus douce paraît hérissée d’aiguilles à qui perd le toucher. Le goût et l’odorat se dépravent sous l’effet d’un mal inconnu : ils font humer l’ordure où ne sont que des roses. On pressent une hystérie collective. Les savants nous rassurent à bon compte. La foule, elle, voit venir la fin des temps.»
Divagations sur la fin des temps – Jérôme Dumoulin, Éditions Grasset.