Infinis – John Banville
Présentation de l’éditeur :
Adam Godley, un brillant mathématicien – spécialiste de l’infinité des infinis, et de la possibilité d’univers parallèles – repose dans sa chambre, au seuil de la mort. Autour de lui, dans une maison à l’atmosphère oppressante, le veillent sa deuxième épouse, sa fille – une adolescente fragile -, son fils, accompagné de sa femme, Helen, une comédienne à la beauté troublante.
En un jour, en un lieu, ce monde mortel et imparfait va recevoir la visite invisible des dieux de l’Olympe, des dieux à l’esprit facétieux, qui vont se plaire à prendre la place des humains pour satisfaire leurs désirs illicites. Zeus, follement épris d’Helen, se fera passer le temps d’une nuit pour son mari afin de jouir de ses charmes. Puis en prenant l’apparence de Rody, le fiancé de la fille d’Adam, il poursuivra son œuvre de séduction.
Hermès, le fils de Zeus, est le narrateur espiègle de cette tragi-comédie ensorcelante, qui évoque le Songe d’une nuit d’été, en illustrant la folie de l’amour et des actes qu’il peut nous pousser à commettre. Hermès se déguisera lui-même en fermier pour conquérir l’une des servantes, sans se soucier des conséquences. Ainsi la présence des dieux va bientôt faire exploser les tensions jusque-là silencieuses, exaspérer les drames, tandis qu’Adam, toujours mourant, revit dans son esprit le souvenir de ses années passées.
Mon avis : Dès le début, j’ai senti des démangeaisons un peu partout. Après une petite soirée de lecture, je me suis vu dans un miroir, et là, horreur : j’étais couvert de boutons jusqu’à la voute plantaire. Je faisais une allergie grave. Après hospitalisation et traitement suivi, je me suis parfois replongé avec prudence dans ce livre pour comprendre, je veux dire pour comprendre la raison de ces pustules.
Le style m’a semblé un peu lourd et appuyé, comme s’il fallait faire entrer de force des idées dans les petites têtes de lecteurs. Un rien alambiqué. La traduction n’a sans doute rien arrangé, et si, peut-être, la version originale avait un charme littéraire à l’anglaise, la version française manque de grâce et de poésie. Le propos est attaché au détail, à l’objet, et aux mouvements. Il y a des égarements, des descriptions futiles. On s’ennuie très vite et se perd dans cette écriture factuelle, où les personnages se regardent, bougent, se grattent le nez, le dos. Souffriraient-ils eux aussi, comme moi ?
Autre déception, la présentation annonce une histoire fantastique, où des Dieux prennent la place des hommes. Je m’attendais dès lors à un récit où le magique et le merveilleux priment, où tout est possible, et en apogée une philosophie divine et incantatoire. Et que nenni ! Ces dieux sont humains, assez banals.
Un ouvrage que je destinerai plutôt aux lecteurs qui aiment la sophistication. Moi je n’ai pas accroché du tout.
Extraits :
“De quelle casuistique sont-ils capables, même les plus naïfs d’entre eux, quelles belles distinctions et discriminations ne vont-ils pas imaginer ? C’est ce qui ne laisse jamais de nous étonner, les montagnes qu’ils font de taupinières de leurs passions, alors que pendant tout ce temps leur vrai moi, leur moi sauvage, est accroupi derrière ces affleurements, parcourant les environs du regard, guettant le danger ou l’occasion, les prédateurs ou la proie.”
“Comment peut-il être soi, et les autres être les autres, puisque les autres sont aussi des soi, pour eux-mêmes ?”
Infinis de John Banville. Éditions Robert Laffont