Rouge dans la brume – Gérard Mordillat
Dans une usine du Nord, des ouvriers s’apprêtent à lutter pour sauver leurs emplois. Faire entendre raison au patronat est leur seule motivation. Ils occupent donc le site de leur usine, mettent le feu au stock et se révoltent avec véhémence.
Parmi les personnalités les plus fortes, il y a Socko qui bascule petit à petit dans la folie, Djuna et son mari qui ne veut plus combattre, Moulin dont la tension s’affole et Anath, mariée à un professeur d’université qui la délaisse au profit de l’alcool et de ses livres, qui côtoie assidûment Carvin dont rien ne laisse présager qu’ils puissent tomber amoureux … La fermeture brutale de l’usine par les Américains les unira tous les deux. C’est dans cette lutte effrénée pour la survie de leurs emplois que naîtra leur amour.
Dans cette meute aux abois, des amitiés se défont tandis que des trahisons surgissent, des vérités éclatent à grands coups de couperets …
Une toile sociale où l’auteur donne la parole aux opprimés, à ceux qui n’ont plus rien à perdre.
On est emporté, comme happé par un courant frénétique d’éléments déchaînés, de vents violents qui clouent au sol, de débordements … jusqu’au dénouement, fou, brutal, éblouissant.
A travers une écriture limpide, des dialogues enlevés, entrecoupés de scènes d’amour et de sexe brûlantes, l’auteur nous invite à suivre le destin bafoué de ces travailleurs qui luttent avec acharnement pour que demain soit baigné d’une pâle lumière.
Le message est poignant, lourd de sens et on se laisse porter par ce roman noir social qui exhale un parfum de suie et de fumerolles.
Un univers à la manière de Zola, plus moderne, moins émouvant toutefois …
Rouge dans la brume de Gérard Mordillat, Éditions Calmann-Lévy