Une vie plus loin – Gracianne Hastoy
J’aime beaucoup l’idée que la mort ne serait pas une fin, aussi ai-je attendu le dernier livre de Gracianne Hastoy de pied ferme… et un peu inquiet que cette histoire ne tombe dans le pathos ou le cliché.
Éric, un jeune cadre égocentrique, homme imbu, peu respectueux des femmes, se retrouve aux portes de la mort suite à un accident de voiture. Il doit faire face à une sorte de tribunal suprême, présidé par un sage nommé Azahar. Dans cette cour ultime, se retrouvent des proches d’Éric ; une ancienne compagne, sa voisine d’en face, ses grands-parents… et même son chien. Celui-ci est d’ailleurs le seul à ne pas lui en vouloir. Éric aimait son chien. Plus que les humains… Il est accusé de deux homicides, un sur sa voisine qu’il a bousculée et laissée pour morte, et sur son grand-père qu’il a aidé à mourir. A présent il doit rendre des comptes, ce sera chose malaisée et rocambolesque !
Ce roman prend clairement le parti de la métempsychose. L’être humain meurt, pour revenir sous une autre forme et s’amender sans cesse. Et quand il atteint la perfection, c’est le Nirvana, il devient “jalon” puis “Parfait”. Mais la route est longue… Éric doit comprendre ses erreurs, se racheter, s’excuser.
L’auteure nous parle par la voix de son personnage central, à travers ses émotions. Elle parvient à se glisser dans la peau d’un homme avec conviction. Je n’ai pas eu l’impression une seconde qu’une femme tenait la plume. Il y a un mélange d’humour, de tendresse, et de férocité, qui donne un récit chamarré, truculent, mais grave aussi. Un savant mélange. Les passages sont alternés, entre le tribunal céleste et des retours dans le temps, où l’on en apprend de bien bonnes sur la vie d’Éric. Odieux au départ, il devient sympathique à mesure que l’on comprend ce qui l’a fait agir de façon si vile. On éprouve alors une empathie pour cet anti-héros. Une écriture simple, sans trop de chichis. Un livre pour se distraire, mais qui ne laisse pas de côté l’aspect sensible.
“Un jalon, c’est un sage ?
– Presque. Offrir sa vie pour les autres, c’est magnifique. Un de nos jalons est resté célèbre chez vous, je crois. Comment s’appelait-il déjà ? Ah oui. Jésus de Nazaroth.
– Reth… Jésus de Nazareth !” ne puis-je m’empêcher de le reprendre. Est-il possible qu’il ait de telles lacunes culturelles ? Merde, c’est la base tout de même, non ?
“Si vous voulez. Vous vous souvenez ? En fait, avec lui les choses ont un peu dérapé. Du fait qu’il n’avait pas acquis suffisamment de sagesse et d’abnégation, le pauvre a cumulé les erreurs de discernement. Un bien piètre jalon ! Quand je songe que vous l’avez pris pour le fils de Dieu, alors que, de retour ici, il a encouru les pires foudres !”
Une vie plus loin de Gracianne Hastoy. Éditions Cogito