La petite – Michèle Halberstadt
La petite a douze ans et deux passions : la radio et l’écriture. Pourtant, elle éprouve une terrible difficulté à être heureuse, peut-être tout simplement parce que personne ne l’écoute. Sa mère est plus préoccupée pas son autorité que par sa fille. Le père est absent. Heureusement, il y a le grand-père… Mais celui-ci décède… Une raison de plus qui pousse la petite à quitter ce monde dans l’espoir d’en trouver un meilleur, là-haut. C’est d’ailleurs ainsi que nous faisons sa connaissance, par le biais d’une journée folle, commencée par une surdose de médicaments. Les enfants de cet âge, assure le psychologue, font juste une tentative, ils prennent deux ou trois pupilles pour attirer l’attention. Mais la petite, elle, c’était du sérieux. Elle a fait fort, et en réchappe de justesse.
Elle échappe à la mort. C’est normal, nous sommes seulement page 17. Alors, elle nous parle de sa famille, de ce grand-père bienveillant, un peu débonnaire, et de son oncle, tout le contraire, un avare diamantaire, qui a échappé de justesse à la Shoah, cet abîme qui défie la raison. D’autres se sont contentés de vivre après ce calvaire, lui a décidé d’être riche… Et odieux. Et puis il y a la grande sœur, un modèle difficile à suivre…. et surtout Bernadette, une copine de classe. La petite essaiera désespérément de s’en faire une amie, maladroitement… Elle se retrouve de nouveau seule. Va-t-elle sortir de ses difficultés existentielles ?
L’auteur suit une trame bouleversante ; celle d’une enfant isolée, en proie à des démons que personne ne voit ou ne veut voir. “La petite” est un court roman, facile à lire, fait de petits bouts de phrases simples, ce qui est assez logique vu l’âge conféré à notre “petite”. Mais parfois, l’écriture devient plus savante, proche de celle d’un prof de lettre à la retraite, qui radote un peu. Le style m’a donc paru assez inégal, mais toujours assez sobre et plaisant à lire. Il faut dire que la petite est une ado des années ’60, quand on ne parlait pas encore SMS. Elle parle bien, avec un beau vocabulaire. On notera au passage que nombre d’écrivains ont essayé de faire parler l’enfance, sans jamais y parvenir totalement. C’est chose difficile que de se glisser dans la peau d’une ado, et de faire de ses démons un livre.
D’anecdote en anecdote, nous suivons terrifiés son histoire. Un récit tout en obscurité et en infinités de noirs. Heureusement, la fin, même si elle semble un peu précipitée, donne un peu de clarté. Si l’histoire n’a rien de novateur et peut sembler convenue, avec des personnages sortis d’un tiroir, ce petit roman pourra tout de même donner un agréable moment de lecture.
“Petit à petit, les trois membres de ma famille, ceux qu’intérieurement j’appelais “ceux d’en face”, puisqu’ils étaient ailleurs, dans une bulle détachée de la mienne, se laissèrent abuser par ce que je leur donnais à voir. À force de me retrancher en moi-même, j’avais éteint mes couleurs. Je me voulais invisible, j’étais désormais insipide. Le malentendu était en marche.”
La petite – Michèle Halberstadt. Éditions Albin Michel