Trois amis – Mario Tobino
Une fois n’est pas coutume, je commencerai la présentation d’un livre en parlant de son auteur, et pour ce faire, je recopierai simplement la courte page à son sujet dans Wikipédia :
“Écrivain prolifique, Mario Tobino débuta en écrivant des poèmes, puis il se mit à écrire principalement des romans. Ses travaux sont caractérisés par une inspiration autobiographique et traitent souvent de thèmes sociaux et psychologiques. Il a su transposer dans ses romans son expérience médicale.”
Ce n’est pas tant par fainéantise ou par nostalgie de potache que je fais ce copiage (ou juste un peu…), mais parce que ces trois lignes sont un bon résumé. L’auteur est donc médecin-psychiatre, et il a puisé beaucoup dans son vécu pour alimenter son œuvre… “Trois amis” n’échappe pas à cette règle.
Turri, Campi et Ottaviani, qui est le narrateur, se sont rencontrés sur les bancs de la fac de médecine, en Italie, peu avant la guerre. On devine tout de suite, dès les premières lignes, le coté très personnel et intimiste du récit. Manifestement, Ottaviani et l’auteur ne font qu’un. Le narrateur est l’auteur, ou une bonne partie de lui. On sent le vécu, et même le vécu intensif, je dirais même la plaie encore grande ouverte. Dans les premières pages, il annonce la couleur, et elle est rouge sang. Campi est le révolté silencieux, le révolutionnaire. Il sera arrêté par les nazis, torturé pendant un mois afin d’obtenir des noms, puis pendu. Campi gardera le silence jusqu’au bout. Il deviendra un héros national, et un emblème pour ses compagnons. Turri est un résistant farouche, batailleur. Il sera une figure de proue du GAP, le Groupe d’Action Patriotique. En dépit de son désir d’une Italie libre et de son aversion au fascisme, il fera de nombreuses victimes. Ottaviani lui est le plus calme de la bande. Il décrit avec de nombreux détails leurs vies et leurs relations tumultueuses à tous les trois. Son récit est imagé, fouillé, mais aussi un peu décousu. L’auteur laisse librement parler ses souvenirs, de la façon la plus simple qui soit, sans tenter de les ordonner, avec quelques répétitions…
“Trois amis” est une belle ode à l’amitié, et dans ce cas-ci, l’amitié a traversé les épreuves et s’est poursuivie entre les années ’30 et les ’60. L’auteur remonte le temps, fait des escapades d’une époque à l’autre, sans ordre précis. Le côté historique donne une dimension intéressante, l’arrivée du fascisme, et comment il embrase le pouvoir, la réaction des trois amis, leur engagement dans le communisme, par désir de lutte contre l’extrémisme, et par idéalisme. Le fait que ce soit une biographie, peut-être un peu romancée, donne une couleur particulière au récit, par sa crédibilité. Cependant, l’auteur semble se complaire dans ses souvenirs, qui m’ont parfois semblé trop personnels et détaillés. Là réside sous doute les limitations et les pièges du genre… On passe par toutes les luttes et tous les événements de la vie de ces trois amis, sans que ça apporte forcément quelque chose au lecteur. Beaucoup d’anecdotes intéressantes, quelques unes sans grand intérêt. Pour le reste, l’écriture est agréable et de bonne facture, à part quelques phrases molestées par la traduction. Mais pourquoi les traductions de l’Italien donnent-elles si souvent des phrases caduques ?
Trois amis – Mario Tobino. Éditions Plon