Crépuscule – Michael Cunningham
Rebecca et Peter vivent à Soho, dans un loft confortable. Peter est galeriste, en pleine crise de la quarantaine tandis que Rebecca s’occupe d’une revue d’art. Tout cela est d’une banalité affligeante … Une petite vie qui roucoule, sans histoires, sans anicroche et chacun y met du sien pour qu’il en soit ainsi. Même s’il surgit parfois des conflits, ceux-ci restent larvés ou évités subtilement pour ne pas faire chavirer la bonne entente. Les disputes ou hostilités sont soigneusement évitées afin de ne pas bousculer le train-train quotidien.
Mais voici que des facteurs extérieurs viennent secouer ce couple idyllique : la fille unique qui s’envole loin de la cellule familiale, la lente agonie d’une amie proche et surtout le retour de Mizzy, frère de Rebecca, d’abord étudiant hors pair, qui bascule ensuite dans la drogue, après avoir déserté l’Université de Yale. Le beau Mizzy va à lui seul déchaîner les foudres de la petite famille sans histoire. Beau, sensuel, menteur, voleur, il mourra d’avoir tout vu, tout essayé, tout connu. Mizzy s’éteindra de trop…
L’auteur entraîne le lecteur dans un huis-clos oppressant, en enchâssant peu à peu dans l’histoire du couple des contrariétés qu’il ne connaissait pas, entre autres engendrées par la venue du frère maudit de Rebecca.
Et voici le lecteur embarqué pour un périple de trois cents pages, haletant, du moins au début, mais fatiguant aussi. Tour à tour, on assiste à l’éclatement insidieux de ce couple que rien ne pouvait ternir, à sa ruine aussi…
L’auteur livre une série de réflexions sur le sens de la vie. Faut-il vivre dans l’enfermement d’idées toutes faites, politiquement correctes, ou bien faut-il se laisser aller à la dérive, laisser voguer son âme sans gouvernail, se laisser aller à l’excès… juste pour vivre jusqu’au bout de son rêve ?
Un récit psychologique mené de main de maître mais qui s’essouffle et rend le lecteur désarçonné, suffocant même, par une écriture étroite, voire étranglée.
Alors que l’auteur se débat dans les méandres de son récit, le lecteur, épuisé, attend que le mot de la fin retentisse enfin, qu’une réponse soit apportée aux questions posées…
J’ai refermé ce livre, un peu déçue, désillusionnée même…
Crépuscule de Michael Cunningham, éditiond Belfond