Des gens très bien – Alexandre Jardin
D’avril 42 à octobre 43, Jean Jardin, grand-père de l’auteur, est le principal collaborateur de Pierre Laval, chef du gouvernement du maréchal Pétain. Alors que le 16 juillet 1942 a lieu la rafle du Vél’ d’Hiv, Jean Jardin est directeur de cabinet de Pierre Laval …
Comment ce grand-père « respectable » a-t-il pu rester en fonction après la rafle s’interroge légitimement l’auteur ? Il se décide alors de sonder le passé familial afin de faire ressortir le démon de sa boîte, ôter tous les ornements de ce grand-père indigne et mettre à nu des vérités qui font mal.
Courageusement Alexandre Jardin se débat, tombe les gants et met à profit une plume mouillée d’acide pour écrire son désarroi, sa peine d’être un homme bien né, issu d’une famille vénérable.
L’auteur se fraye un chemin pour découvrir des vérités enfouies, jamais mises en lumière. Et pour ce faire, il va explorer les archives familiales, mener une enquête. Alexandre Jardin, auteur romantique jusqu’ores, utilisera cette douce étiquette pour approfondir ses recherches et approcher la vérité, même si celle-ci est effrayante, ignoble.
Et pour avoir osé remuer le passé il se voit couvert de griefs … Il se heurte d’abord à l’ire de son oncle Gabriel qui le traite de menteur puis aux accusations d’historiens qui lui reprochent d’en dévoiler un peu trop sans donner de preuves.
Face à tous ces boucliers, l’auteur se montre de plus en plus outré et ses mots prennent des allures d’épées tranchantes combattant l’ennemi dans une arène.
Mais chemin faisant, la sensibilité et la sincérité de l’auteur ressortent pleinement et viennent alors les questions bien légitimes : même si l’on n’est pas responsable des méfaits de ses ancêtres, n’a-t-on pas le droit de les regarder en face tout simplement ?
Il pose la question fondamentale : « est-on responsable des agissements de ses aïeuls? », ceux-là glorifiés et respectés dans leurs habits de lumière ?
Un récit fort et sensible à la fois qui nous parle de grands-parents respectables, des « gens très bien », très fréquentables, délicieux, qui portent un masque camouflant leur personnalité de monstre …
Des gens très bien d’Alexandre Jardin, Le livre de poche