Les promeneurs – Marc Pirlet
Après le décès de sa compagne Michèle, Christophe part s’exiler en ermite dans un lugubre appartement d’une cité mal fréquentée. Il cherche à fuir toutes les traces de son passé. Son logement est particulièrement dépouillé, sa vie ne se résume plus qu’à des journées et des nuits de méditation. Il devient avachi, aigri. Ses relations avec sa famille sont des plus mauvaises. Sa mère et sa sœur ne lui pardonnent pas sa liaison avec Michèle, une ancienne prostituée.
Bien que vivant constamment dans l’ombre, un jour, il rencontre Nassima, une jeune femme qui exhale joie et clarté. Elle habite dans la même cité, et connait elle aussi pas mal de déboires existentiels. Lorsqu’un jour elle est retrouvée morte, assassinée, égorgée. Pour Christophe c’est le début d’un nouveau tunnel. Puis quelques mois plus tard, Pascal, le fils de Nassima, vient lui rendre visite à l’improviste. D’abord totalement rétif, Christophe se découvre des points communs avec le garçon. Un père absent, un goût pour la moto. Ils finissent par devenir les meilleurs amis du monde. Mais tout va trop bien, la vie est trop tranquille. Alors survient, comme dans tout roman, ou presque, un drame.
L’auteur nous fait glisser en quelques mots dans l’esprit de Christophe, il nous parle de façon confidentielle, à la première personne. Christophe s’épanche longuement, mais sans pathos, dans un style clair, sans affect et sans effets, avec des expressions de tous les jours. Le lecteur n’aura aucun mal à éprouver de la sympathie ou de l’empathie pour cet homme paumé, qui rabâche sa vie de tous les jours mais de façon attachante… L’amitié qu’il éprouve pour le fils de son amie donne un nouveau sens à sa vie, qui serait restée morne indéfiniment. La fin est émouvante mais un peu sombre.
Il émane de ce “récit” un peu de nostalgie, d’amertume, de tristesse, que sauvent quelques lueurs d’espoir… C’est une plongée réaliste dans les affres de la vie des cités, dans une ville où la débauche règne. Mais quelle est donc cette cité qui n’est jamais citée ? Il me semble que c’est Liège, la ville dite ardente. Mais l’auteur ne la nomme jamais, et si certains éléments fixent les idées, d’autres semblent imaginaires. Ce roman m’a fait penser à un film des frères Dardenne… Issus de la même ville déshéritée. J’ai beaucoup aimé, mais j’avoue que cette histoire m’a rappelé bien des endroits où la vie m’a façonné, depuis trente ans…
“Quand on vit seul, la machine à penser n’arrête pas de tourner, mais le plus souvent à vide.”
“Pour échouer dans la cité des Marais, il faut avoir traversé des épreuves dont chacune vous a fait descendre d’un ou plusieurs crans dans la hiérarchie sociale”
Les promeneurs – Marc Pirlet. Éditions murmures des soirs