L’homme qui aimait ma femme – Simonetta Greggio
Nous sommes dans les années 60. Alexandre et Yann sont étudiants et se destinent tous deux à une belle carrière. Le premier, grand charmeur, qui fait tourner la tête de toutes les femmes, deviendra prof de lettres tandis que le second, plus romantique, sera avocat. Tous deux côtoient Maria à la fac. Et tous deux vont tomber amoureux d’elle…
Maria deviendra biographe et jouera le rôle de charnière entre les deux hommes qui l’aimeront pendant quarante ans. Dans cette France littéraire et culturelle en pleine bousculade, Maria suivra leur chemin avec l’œil d’une experte, se réjouissant de cet amour grandiose mais se heurtant aussi aux trahisons et aux non-dits. Car Maria n’est pas l’unique aimée dans le cœur de Yann et Alexandre mais elle cloisonnera leurs sentiments dans une sorte de carcan amoureux, sublime, ineffable.
Elle sera le témoin de quarante ans d’amour et de tumultes. D’abord imprégnée par le courant hippie elle connaîtra peu à peu les crises économiques et plus tard les chamboulements politiques des années 2000.
L’auteur nous conte une belle histoire d’amour à travers les époques depuis 60 à nos jours. Elle berce les cœurs des émois d’antan, de ces amours alors romantiques, puis empreints de liberté, pour nous guider enfin vers le monde actuel, amer et désappointé.
À travers une très belle plume, l’auteur traduit la magie du trio amoureux, même s’il est difficile à aborder. Elle le fait avec élégance, pudeur et justesse. L’émotion est omniprésente et émane de chaque page.
Au fil du récit nous rencontreront aussi quelques personnages qui ont marqué la France élitiste durant les quarante dernières années du millénaire passé. Ainsi, l’on croisera entre autres Lacan, fanatisant les jeunes psychiatres, Lagarde et Michard, la référence littéraire incontournable, et même le cinéaste Truffaut, pour son film culte, Jules et Jim… tout ce petit monde enclin aux bouleversements artistiques et littéraires des époques traversées.
Et l’on succombera à la beauté obscure de Maria, spectatrice du chaos amoureux dans lequel elle a entraîné ses deux hommes.
Un livre fort qui bouscule mais dont on tourne les pages avec la plus grande attention, pour ne pas trahir la sensibilité et la finesse de l’auteur.
Un ravissement…
L’homme qui aimait ma femme de Simonetta Greggio, éditions Stock