Dorian Gray – Le portrait interdit d’Oscar Wilde & Nicole Audrey Spector
« Et puis il y avait ces rêves éveillés qu’elle faisait… Mais ceux-là, au moins, elle pouvait les chasser. C’était pire la nuit. Il ne s’agissait pas de cauchemars, bien au contraire, mais ces rêves-là la troublaient pourtant profondément. Chaque nuit, elle se réveillait en nage, fébrile, incapable de réfréner l’ondulation lascive de ses hanches, le drap roulé en boule et serré entre ses cuisses. Tout cela semblait si… réel. Comme s’il s’était vraiment trouvé là. Trempée de sueur, elle avait l’impression de sentir les baisers virils sur ses joues. Elle se demandait d’où lui venaient ces rêves, mais fuyait la réponse. Ce n’était pas le moment de se laisser emporter par le désir. La seule évocation du mot la fit rougir, avant qu’elle ne le refoule au plus profond de son subconscient. »
Rosemary Hall est une artiste peintre pleine de candeur… En esquissant les contours de son modèle masculin avec volupté, elle s’éprend de lui ardemment. Mais ce désir en sourdine aboutira bientôt à une quête démesurée de l’assouvissement de pulsions réfrénées depuis trop longtemps. Ainsi, le beau Dorian va se laisser conquérir par Rosemary et lui faire découvrir le sexe débridé dans toutes ses formes.
Parallèlement, Rosemary fréquente la sulfureuse Helen Wotton, qui observe d’un œil averti le bellâtre que son amie caresse de son pinceau sur la toile et s’intéresse à lui de très près jusqu’à devenir son amante.
Mais sous leurs arcanes, ils se découvrent et s’accrochent et les deux univers se rejoindront bientôt pour aller toujours plus loin, toujours plus haut.
Tandis qu’Oscar Wilde nous faisait découvrir jadis le portrait du très beau et sensuel Dorian Gray, un homme à l’âme noire, débauché, à l’appétit charnel développé, nous voici bien loin de la prose hardie de cet auteur lu naguère par des milliers d’entre nous, bousculant les règles de moralité, prêchant en faveur de l’épicurisme, livrant un conte mettant en scène deux homosexuels, nous découvrons ici, à travers une écriture légère, un récit qui, à défaut d’être un parangon d’érotisme, sombre rapidement dans la monotonie, le cabotinage, voire la vulgarité…
Pourtant fervente de romans érotiques, j’ai précipité ma lecture de ce roman-ci, n’y trouvant par ci par là que quelques passages intéressants. Les personnages ne m’ont pas émue, excepté peut-être qu’en lisant entre les lignes de son âme démoniaque, le libidineux Dorian cache des sentiments amoureux plus vrais, plus naturels qui parfois transparaissent doucement.
Les scènes de sexe eussent pu être moins banales, décrites de façon plus alléchantes, plus émoustillantes mais elles sont livrées dans un style lourdaud et finissent par lasser à défaut de l’effet contraire, mettre en haleine et en émoi.
De même, les leçons de sensualité prodiguées par le beau Dorian à Rosemary tournent rapidement au ridicule et ne donnent pas une puissance exceptionnelle à l’érotisme de ce récit.
Un roman à lire sur la plage entre deux baignades et se hâter vers le mot fin, le refermer et l’oublier… S’intéresser plutôt au regard de braise que vous lance l’Adonis, alangui sur la serviette qui côtoie la vôtre, la peau dorée par les douces caresses d’Hélios, pour se laisser guider vers l’univers d’Eros…
Bon, là je me suis lâchée un peu car mon esprit est en vacances…
Ce roman fut un intermède ludique avant d’entamer d’autres lectures plus sérieuses et par là même de nouvelles chroniques plus intéressantes.
Après moult réflexions, j’ai attribué un verre à ce récit dans notre classement, parce qu’il a le mérite d’être simplement distrayant…
Dorian Gray – Le portrait interdit d’Oscar Wilde & Nicole Audrey Spector, Pôle Roman