Ailleurs – Richard Russo
Encore une sempiternelle biographie me suis-je dit en ouvrant ce roman reçu récemment d’une amie. C’est un auteur que je ne connaissais pas et j’ignorais donc tout de sa production littéraire…
Mais dès le début de la lecture, j’ai été gagnée par l’enthousiasme et n’ai pu détourner le regard de ce récit, fût-ce un court instant.
L’auteur installe le personnage phare de son roman à l’avant-scène et le met en exergue en dessinant avec délicatesse le portrait de sa mère, une femme difficile, tourmentée, victime de troubles psychologiques, de fragilité émotionnelle, tantôt instable tantôt décidée, qui a pris dans la vie et le cœur de l’auteur une place si grande qu’elle eût pu être asphyxiante. Pourtant derrière ces comportements maladroits et fébriles se cache un amour si grand, si fort pour un fils qui lui rend ici un hommage magistral, rempli d’émotion et de tendresse.
Entre les lignes l’on ne tarde pas à découvrir toute la problématique d’une relation mère-fils qui aurait pu tourner au drame, à la séparation si l’amour, celui-là au-delà de toutes les frontières, ne régnait pas en toile de fond.
Et la très belle plume de l’auteur donne au récit toute sa saveur. Il décrit à merveille cette relation tendue mais aussi riche de sentiments si puissants qu’elle rend le petit Richard dépendant même à l’âge adulte.
L’auteur ne se borne pas à nous conter l’histoire d’une mère un peu spéciale, un peu destructrice, un puits d’amour aussi. Au milieu de ce coin d’Amérique pas très rieur – peu de monde connaît Gloversville, une petite localité austère de l’État de New-York – Richard Russo grandit auprès de celle qui lui pourrit le quotidien, marche dans ses plate-bande chaussée de gros sabots qui laissent des traces indélébiles, lui bouffe l’existence et règne telle un geôlier attentif aux moindres écarts hors du chemin qu’elle lui a tracé et duquel il n’a pu s’échapper qu’au décès de celle-ci…
Entre les lignes, il dépeint aussi magistralement le tableau de ce petit coin de perdition, cette bourgade aujourd’hui moribonde mais qui naguère florissait grâce à une ganterie prestigieuse et où son grand-père paternel s’était installé.
Voici donc un coup de cœur, une lecture qui valait la peine de ne pas être abandonnée à cause d’a priori…
Ailleurs de Richard Russo
Richard Russo, ce nom ne m’est pas inconnu… Mais où l’ai-je entendu ? je n’ai rien lu de lui, c’est sûr ! Tu en parles bien… ton billet est alléchant. Bonne journée Céleste !
A Noann : pourquoi est-ce que je ne reçois pas de notification de parution de billet alors que je suis abonnée ???