Nue – Jean-Philippe Toussaint
Marie, mannequin, défilait ce jour-là pour la collection automne-hiver… Nue, chaussée de talons hauts et enrobée de miel, elle se trémoussait au son d’une musique bien rythmée, sur un podium, escortée par un essaim d’abeilles alléchées par le doux nectar qui émanait de sa robe.
Voici le quatrième volet d’une composition chimérique que l’auteur a dédiée à sa compagne Marie.
N’ayant pas lu les trois premiers opus de cette saga, je ne peux donc me prononcer que sur ce dernier… Et là, que ne fût pas ma désillusion ! Dès les premières pages, le récit m’a plongée dans une véritable léthargie tant le rythme est lent, soporifique. Ainsi, de temps à autre survient un soubresaut, une ébauche d’histoire mais tout cela tombe rapidement dans l’ennui et l’immobilité. Bon, c’est un avis personnel…
L’auteur nous invite donc à l’accompagner d’un bout à l’autre du monde. Entre une douce villégiature à l’île d’Elbe et un vernissage au Japon, il suit une icône qui s’enfuit puis revient de plus belle dans sa vie, se pose à Paris pour reconquérir fût-ce un instant le cœur d’un homme qu’elle fait tournoyer dans le carrousel des sentiments.
Les personnages croisés dans cette litanie sont peu crédibles et se fondent au récit telle une glue insipide. Certes la justesse de l’écriture et l’authenticité du style sauvent un peu la longueur désespérante de certaines scènes et portraits des personnages qui s’y fondent mais certains paragraphes restent néanmoins diffus.
L’auteur chemine à pas de loup, entrecoupe sa balade d’incessantes escales et ne convainc pas le lecteur de poursuivre un sentier qui mène à un cul-de-sac…
Cependant, entre les lignes, l’auteur glisse çà et là beaucoup de sensualité et de poésie et l’on regrette peut-être que le portrait de Marie se noie dans d’interminables élucubrations, un peu dérisoires, voire un peu stériles…
Dommage…
Nue de Jean-Philippe Toussaint