Zou – Anne-Véronique Herter
Chance est une gamine adorable, toujours soucieuse de chacun, désireuse d’assurer tant bien que mal l’image de la petite fille qui a pris la place d’un frère aîné mort avant sa naissance. Un rôle bien difficile à tenir alors que le grand-frère disparu était mythifié par la famille.
À la mort de son père, lorsque la maison familiale de vacances est vendue, les attaches d’antan cèdent rapidement, laissant Chance délivrée des meurtrissures du passé. Et Chance doit quitter cette maison et son écrin de verdure, juste séparée de la mer par un parapet en pierres, mais aussi ses marques, ses repères. Surgissent alors dans la mémoire de Chance mille questions sur ses origines, son passé.
Un nouvel envol s’impose à elle, avec ce besoin irrépressible de reconstruire les fortifications brisées de son cœur et de sa vie. Et quand un départ inopiné survient, mille questions virevoltent dans nos pensées. Et la petite fille aux premiers balbutiements de sa vie d’adulte, se rappelle les conversations avec son père, la grand-mère revêche et cruelle, les émois des retrouvailles en famille, mais aussi les affrontements, l’azur du ciel qui réconfortait les cœurs, les joies mais aussi les déchirures enfouies, tout ce qu’il faut à présent ressortir des tiroirs de l’âme.
L’écriture est belle, simple, baignée de mélancolie. Entre les lignes émane une atmosphère douce-amère de fin de vacances improvisée laissant planer un goût de saison morte, un ciel désolé, une Bretagne désertée à la hâte par une famille décimée et meurtrie.
Un seul bémol pour moi… Il s’agit certes d’une chronique familiale bien dépeinte, réaliste, mais hélas approchée mille fois…
Zou de Anne-Véronique Herter, éd. Michalon