Trois fois dès l’aube – Alessandro Baricco
Deux personnages, trois histoires. Tout commence dans le hall d’un hôtel. Un homme parle à une femme. Celle-ci a un malaise et il l’héberge dans sa chambre. Ils se parlent…
Un portier d’hôtel aide une jeune femme à quitter un compagnon violent. Ils se confient…
L’homme de la première histoire a perdu ses parents dans un incendie et une inspectrice de police le conduit chez un ami pour le protéger. Il se souvient…
À travers de courts récits, un homme se souvient de ses bouts de vie, ses perditions, ses émois. Trois nouvelles intimistes qui se mêlent harmonieusement, l’amour séjournant en toile de fond. Des rencontres entre vêpres et potron-minet, dans un hôtel luxueux ou minable, une chambre qui ressemble à un parloir, des échanges et partages d’événements qui ont marqué leur vie, certains mêmes les ayant contraints à repartir à zéro. Dans ce huis clos, des hommes et des femmes s’épanchent, s’expliquent et relatent leur chemin de vie, leurs désarrois, leur survie à tout prix.
Un peu dubitative à la première lecture empressée, j’ai eu d’emblée l’envie de reprendre celle-ci à tête reposée pour savourer chaque détail qui m’avait échappé. Le récit se lit d’une traite et l’on passe parfois à côté du message donné entre les lignes car les événements et les dialogues s’entremêlent à la vitesse d’un grand galop.
Les personnages sont émouvants, aux antipodes l’un de l’autre, mais ont tous des affinités, des points communs, une personnalité qui s’accorde, des secrets enfouis, des tourments qui refont surface. Les lieux sont magnifiquement décrits, donnant au récit un arrière-plan très réaliste. L’atmosphère, tantôt un peu glauque, tantôt transparente invite au mystère.
Ainsi, à travers ces récits succincts, l’auteur scrute les tréfonds d’âmes meurtries de personnages qui se croisent et partagent la même galère, qui se débattent dans des vies ébréchées et s’arrêtent dans des lieux de secours au décor entre gris-clair et vermeil.
La fin de chaque récit tombe très rapidement et déconcerte parfois, mais cela n’entrave en rien la qualité de l’ouvrage.
Quelques heures de ravissement, à dévorer avant l’aube…
Trois fois dès l’aube d’Alessandro Baricco