La chair – Rosa Montero
Soledad a 60 ans, vit seule. Son amant l’a quittée et elle n’encaisse pas une telle injure. Ainsi se décide-t-elle de louer, le temps d’une soirée à l’opéra, les services d’un gigolo trentenaire, dans le seul but de rendre jaloux son amant indélicat. Mais pendant ce temps, s’ourdissent de sombres machinations auxquelles la belle sexagénaire avide de plaisirs de la chair ne s’attendait pas et qui la conduiront dans un cul-de-sac. La personnalité de Soledad est à la fois ambiguë et attachante. On la comprend et s’émeut de ce petit supplément d’âme qui la caractérise. Cette façon qu’elle a d’approcher le délicieux danger avec lucidité et humour nous touche et nous rapproche d’elle.
Dans cette histoire trouble et sulfureuse, Soledad se débat avec acharnement et ironie aussi. Et son histoire semble rejoindre celle des écrivains réprouvés qu’elle présentera à la Bibliothèque nationale.
Un roman au titre alléchant qui parle des affres du temps qui passe et nous délabre, mais aussi d’amour, de littérature et du destin qui fait parfois un virage à 180°.
L’héroïne, tantôt émouvante, tantôt exaspérante de dérision nous entraîne d’un bout à l’autre dans ses aventures au parfum de stupre et de débauche, qu’on lui pardonne volontiers car derrière cette envie irrépressible de sexe, se cache une femme attendrissante, vieillissante, désarçonnée d’avoir été larguée par son amoureux, parti pour une femme plus jeune et enceinte de ses exploits…
La deuxième partie du récit donne quelques rebondissements inattendus. Entre le jeune apollon et Soledad se tissent des liens troubles qui font ressurgir des fragments du passé, que je me garderai de dévoiler ici.
Le style pétillant et limpide et la plume désinvolte, mouillée d’humour, donnent à ce roman un caractère de journal intime d’une femme en quête de séduction, se gavant des délices de la chair pour refouler les dommages du temps…
Puisqu’il me faut enfin attribuer à ce roman un classement dans notre site, je ne lui donnerai que deux verres.
Autant cette histoire m’a beaucoup amusée, autant j’ai été déçue par le manque d’originalité de la thématique, sommes toutes assez banale…
La chair par Rosa Montero, éd. Métailié