La ballerine qui rêvait de littérature – Michelle Tourneur
Victor van de Walle, professeur de lettres tout récemment retraité, quitte Paris et retourne à Arras, son fief d’enfance, emportant pour seul bagage ses nombreux livres. Dans le lieu étrange où il a remisé son stock de bouquins, il rencontre Marie Scott Préaulx, ancienne danseuse étoile. À mille lieues l’un de l’autre ils se découvrent, elle ballerine pensionnée qui a ouvert une boutique de lingerie fine, lui féru de littérature, habitué de la vie de khâgne parisienne. Victor tombe sous le charme de cette femme intrigante et lui propose d’échanger leurs univers pour mieux se connaître. Ainsi, Victor lui offrira un pan de son bagage littéraire tandis qu’elle lui ouvrira les tiroirs de sa boutique de sensualité et de dentelle. Et petit à petit, ils se livreront à une sorte de déshabillage pudique et coquin à la fois. Entre satin et dentelle, s’immiscent Chateaubriand, Proust entre autres, jusqu’à faire perdre la tête à Victor, de plus en plus attiré par le pouvoir féminin exercé par Marie. livrogne.com
Entre l’homme de lettres désabusé et cette femme légère qui ne connaît rien de la littérature s’installera une sorte de connexion envoûtante. Peu à peu, auprès de Marie, Victor sort de sa neurasthénie et se reconstruit. Et de leur union improbable va naître une chorégraphie harmonieuse qui met en scène deux artistes qui règlent leur compte avec le passé.
Les questions se bousculent… Pourquoi le brillant professeur est-il revenu dans la ville de son enfance. Que veut-il y trouver ? Pourquoi la belle bayadère a-t-elle abandonné sa carrière ?
L’auteur nous livre un ballet rythmé et voluptueux qui réunit deux saltimbanques aux antipodes. À travers deux âmes que tout oppose, qui se cherchent, se séduisent et finissent par joindre leurs deux mondes pour un bout de chemin impromptu, l’histoire coule doucement, pleine de secrets et de non-dits…
La plume sans conteste très belle et élégante, le style enlevé et l’atmosphère obscure de ce récit donnent certes de bons moments de détente, mais pour ma part, l’enthousiasme aura été fugace et transitoire…
La ballerine qui rêvait de littérature par Michelle Tourneur, éd. Fayard