L’homme qui s’envola – Antoine Bello
Walker, un jeune entrepreneur, est à la tête d’une société prospère au Nouveau-Mexique. Marié à la délicieuse et fortunée Sarah, père de trois enfants magnifiques, tout lui sourit. Qu’espérer de plus dans cette vie où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Pourtant, le ras-le-bol de cette vie pépère s’installe doucement, le rend désabusé.
Et puis un jour, il s’en va, laissant tout derrière lui, sa jolie femme, sa carrière florissante. Il taille la zone d’un bout à l’autre du monde, à travers les contrées rarement explorées, les bouts de terre inaccessibles. Il s’enfuit, agence même sa mort. Mais, est-ce si simple de disparaître ? On pourrait le croire effectivement. Mais lorsqu’un détective rusé le retrouve, l’exil prend une autre tournure. S’ensuit entre les deux hommes une poursuite haletante.
Et Walker, avide de liberté se retrouve comme prisonnier de ses pensées. Dans cette geôle qu’est sa mémoire, il fait le compte à rebours de cette vie si classique qu’elle en devient affligeante de banalité. Un quotidien qu’il faut fuir à tout prix, quitte à se perdre dans le vide sentimental et professionnel. L’enjeu vaut-il la peine ? Perdre son honneur et l’amour de Sarah lui donneront de grands moments de réflexion.
L’auteur revient ici avec ses thématiques de prédilection : la liberté à n’importe quel prix pourvu que l’on respire à mille lieues de ceux qu’on aime, la quête de soi pourvu que le temps s’égrène loin des habitudes, de la routine et des lendemains un peu trop lisses.
Le héros n’a guère envie de rencontrer une autre femme, d’avoir un autre enfant, ou de se lancer dans un autre défi professionnel. Non, il aspire simplement à respirer à plein poumons, loin de tout ce qu’il a construit, de merveilleux certes, loin de ceux qu’il aime indéniablement. Ce qu’il veut ardemment ressemble à ses yeux à un trésor grandiose, le Temps. Prendre le temps de humer d’autres alizés, d’autres parfums, se laisser porter par une douce langueur, prendre des chemins de traverse.
L’atmosphère des grands espaces traversés, l’affrontement entre Walker et le détective donnent à cette histoire un caractère de film d’aventure. Incontestablement distrayant, je dirais que ce roman peut être emporté dans une valise pour agrémenter un séjour en vacances, mais qui pour ma part ne sera pas remisé dans les coups de cœur de ma bibliothèque.
Agréable, distrayant mais fugace…
L’homme qui s’envola d’Antoine Bello, éd. Gallimard.