Le camp des autres – Thomas Vinau
Pour fuir un père brutal, Gaspard, accompagné de son chien, vagabonde dans une forêt peu accueillante. L’enfant cherche à manger, court de gauche à droite, tombe et se blesse. Il est alors recueilli par un homme curieux. Est-ce un ermite ? Un fou ? Un mage ? Gaspard reste sur ses gardes, on ne sait jamais… Puis un matin surgit de nulle part une bande de baladins qui apportent un sac contenant douze vipères et enjoint l’hôte de Gaspard d’en préparer des potions.
L’enfant est d’emblée transporté par cette bande de larrons insolites et décide de les suivre désormais.
Vaille que vaille, dans cette caravane de bohémiens, Gaspard se ressource et s’émerveille. Et ces autres, ces marginaux, ces gens de peu lui redonnent goût à la vie, même si celle-ci porte les stigmates d’un passé douloureux.
Une légende sociale délicate et pleine d’émotions qui fait revivre les personnages légendaires de la Caravane à Pépère au début du XXe siècle. Un hommage magnifique à l’enfance et à la nature, souvent luxuriante et magique, mais parfois funeste et inamicale… Mais aussi et surtout une ode aux exclus de la vie, aux écorchés, aux va-nu-pieds qui se démènent tant bien que mal dans une société qui les pourchasse, sous le joug du pouvoir qui les opprime.
L’auteur livre ici une histoire qui illumine le cœur, nous envoûte jusqu’au plus profond de nos entrailles. L’écriture est rythmée, chaque ligne est baignée de poésie, gommant en cela la part d’ombre qui entoure les personnages, tous largués malgré eux, tous à l’âme de guingois. Et nous rendons grâce à l’auteur d’entourer d’un liseré d’or les contours de ces âmes meurtries, en leur offrant un premier rôle aux devants d’une scène de fortune.
Et d’un monde de pacotille et de hayons, d’où éclatent un cri de détresse, l’auteur fait ressortir un rai de lumière, un éclat d’espoir…
J’ai aimé ce récit que l’auteur a gardé cloisonné dans son cœur pendant plusieurs années avant de coucher sur papier ses rêves d’antan et de faire revivre les mots doucement endormis, les désarrois de l’enfance et l’appel de la forêt pour seul remède.
Le camp des autres de Thomas Vinau, Alma éditeur