Pactum Salis – Olivier Bourdeaut
Jean, réservé, peu bavard, a fui le Paris bourgeois pour s’échapper vers la presqu’île de Guérande et les marais salants. Nous sommes au mois d’août et la fleur de sel a donné une récolte fructueuse. Alors que de grand matin, Jean se rend guilleret dans les marais pour faire le constat que l’année a été prolifique, il découvre sur sa palude une Porsche avec un homme ivrogne et endormi à bord. Jean, pris d’une furie, s’apprête à frapper de sa pelle l’individu qui non seulement s’est vautré sur une bâche pour s’endormir mais a aussi uriné sur la récolte de sel remisée là.
Dieu merci, Jean se ravise, évitant en cela les interventions de la police, les indemnités particulièrement élevées qu’il aurait dû verser pour avoir frappé ou pire encore, décapité au moyen de sa pelle tranchante, le chef de l’individu échoué là…
Michel se réveille peu à peu et s’interroge. Que s’est-il passé pour qu’il en arrive à de telles extrémités ? Après s’être calmé, Jean invite le malheureux ivrogne à dégager des lieux sa Porshe et tout ce qui l’accompagne. Après quelques vociférations, ils finissent par se parler plus sereinement. Michel est agent immobilier, passe quelques jours de vacances près de Guérande et cultive le goût du luxe, dépense son argent à tire-larigot entre les palaces et les boîtes de nuit. Tandis que dans les marais salants, Jean nourrit un grand bonheur, redécouvre les vraies valeurs.
Aux antipodes l’un de l’autre, ils se se percutent et se toisent, avant de nouer une amitié improbable faite de rivalité et de convoitise.
Et entre l’ex-Parisien farouche, bien décidé d’être heureux à présent déconnecté des tumultes de la vie trépidante et l’oiseau de nuit qui erre entre les lieux factices et les hôtels de grand luxe, naît une sorte de complicité et cette amitié improbable devient une paroi destinée à masquer leurs failles respectives… Jean finit par s’émouvoir pour Michel et ira même jusqu’à lui proposer un travail saisonnier…
Et cahin-caha, leur amitié se renforce par un serment complètement insensé qu’ils prononcent et ce magnétisme réciproque qu’ils entretiennent.
L’auteur livre un roman dramatique, bien ficelé, qui vous embarque au cœur de l’âme humaine, avec ses fissures, ses failles, mais aussi sa quête de lendemains ensoleillés, même sous le dais d’un ciel gris et désolé.
Pactum Salis, par Olivier Bourdeaut, éd. Finitude