Une longue impatience – Gaëlle Josse
En Bretagne dans les années 50, l’on se reconstruit doucement… On panse les blessures de la guerre et la vie reprend son cours.
Lorsqu’elle épouse Étienne, pharmacien du village, Anne a déjà un fils. Étienne aime Anne et lui a juré d’aimer Louis comme son propre fils. Un bébé arrive puis un deuxième, une petite sœur, qui soudent plus fort encore le couple, du moins c’est ce que pense Anne … Mais le comportement de son mari change peu à peu et Étienne se montre de plus en plus désagréable avec Louis, allant même jusqu’à remettre en question sa parole de l’aimer aussi fort que ses deux nouveaux enfants.
Puis un soir, Louis disparaît… Lassé de ce beau-père véreux qui le dénigre L’adolescent de seize ans a pris le large. A-t-il embarqué à bord d’un cargo ? Nul ne le sait. Mille questions se bousculent dans la tête d’Anne. Commence alors pour elle une longue quête de la vie. Quel pourrait être le coupable de cette disparition brutale ? Est-ce la naissance des deux enfants qui a chassé Louis comme un fardeau pesant ?
Désespérément, Anne attend encore et encore, espérant qu’un bateau ramène son ado chéri, qu’elle puisse enfin le serrer dans ses bras. Tour à tour, elle se souvient de la brutalité d’Étienne, quand il rouait de coups Louis et le lacérait de sa ceinture jusqu’à l’insoutenable douleur. Elle entend encore les cris de ce pauvre enfant d’un premier lit, maltraité par le beau-père parce qu’un beau jour celui-ci l’a pris en grippe. Anne est en perdition…
Le récit est succinct mais les interrogations se bousculent à foison et l’on est ébloui par la justesse des mots, la façon qu’a l’auteur de nous décrire les décors désolés, les lieux sordides, mais toujours en évitant l’étalage de clichés qui s’attachent à ces univers sombres où se jouxtent douleur et révolte.
La thématique, certes peu originale, du deuil de la mère et de sa quête pour survivre malgré le manque, est magistralement traitée ici car l’auteure donne à son roman un parfum d’espoir à travers une écriture sans fausses notes et un style amène.
En revanche, puisqu’il me faut le classer ici, je n’attribuerais que deux verres à ce roman, peut-être tout simplement pour la thématique déjà vue maintes fois…
Une longue impatience de Gaëlle Josse, éd. Notabilia