La fêlure – Kate Mc Naughton
Adam, médecin et Eva, journaliste sont Londoniens, mariés (certes, l’auteur n’a guère fait preuve d’une grande imagination quant aux prénoms des héros de son roman…) De longues années d’étude, de beaux voyages, leurs amis Carmen et Henry puis leur mariage et l’achat d’un appartement les a soudés pour le meilleur et pour le pire…
Après une soirée bien arrosée, Adam meurt dans la nuit, laissant Eva meurtrie de tristesse, en pleine perdition. De longs mois s’écoulent et Eva gamberge, se remémore tous leurs souvenirs, jusque dans les moindres détails. Elle se rend à Berlin, la ville où s’échappait régulièrement son mari, aux fins d’en savoir un peu plus sur Lena Brachman qui hantait la boîte mails de son défunt époux.
Ce voyage à Berlin lui ouvrira les yeux et bousculera le cours de sa vie. Lena et Ulrich étaient intimement liés à Adam et l’ont soutenu dans ses recherches au sujet de la RDA et de l’Allemagne d’aujourd’hui.
Ainsi, elle vivra avec la mémoire d’Adam en écho et essaiera vaille que vaille de se reconstruire, en repoussant peu à peu les cicatrices laissées par la disparition inopinée d’Adam et en poursuivant sa quête pour en découdre avec le passé de son époux et ses secrets enfouis et recevoir, qui sait, une réponse à ses interrogations.
Avec habileté et délicatesse, l’auteure parle du deuil et de la difficulté à se relever de la perte d’un être aimé. Cette histoire d’amour entre deux êtres, que la mort sépare brutalement est relatée avec délicatesse et pudeur. En toile de fond de cette tragédie se tisse des fragments d’histoire allemande, et en particulier celle de Berlin, dont l’auteur parle avec beaucoup de talent et une grande connaissance.
Un premier roman bien rythmé, certes, mais où le passé et le présent s’entrechoquent, s’arcboutent puis se délient sans crier gare, au détriment du lecteur un peu désarçonné, voire gêné par cette trop rapide transition entre hier et demain. Certains détails peu intéressants sont mis en exergue alors que d’autres plus troublants qui concernent notamment la mère d’Eva, sont assez sibyllins. Qui est donc cette femme qui a fui l’Allemagne de l’Est, abandonnant même ses parents morts sous le joug de la Stasi ?
Néanmoins, dans l’ensemble l’on peut conclure à un récit intense et percutant, qui laisse cependant dans le cœur un arrière-goût de mystère…
La fêlure, de Kate Mc Naughton, éd. Les Escales