Compromis – Philippe Claudel
Denis et Martin, deux amis de trente ans se retrouvent dans un appartement vide. L’un est un comédien quelconque, l’autre un dramaturge manqué… Le premier vend l’appartement et a insisté pour que le second soit présent lors de la signature du compromis, afin de rassurer l’acheteur pense-t-il. Car s’il écrit de très mauvaises pièces, il a quand même une bouille rassurante, qui inspire confiance. Est-ce donc là sa seule qualité ? Le candidat acheteur tarde à arriver et les deux amis bavardent de tout et de rien pour passer le temps. Ainsi l’on se moque, se lance des flatteries, des fleurs, puis des épines, car la conversation dérape rapidement, devenant blessante voire insultante. Et petit à petit, on se lâche et dévoile tout ce que l’on retenait naguère. Nous sommes en mai 1981, le Président Mitterrand va entrer en fonction. Voilà un sujet qui donne d’emblée de longs débats, des discussions qui s’échauffent et rendent les deux amis de plus en plus nerveux.
L’acheteur arrive enfin, Dans ce huis clos suffocant, le voilà bien embarrassé de se retrouver en plein règlements de comptes entre les deux amis. Va-t-il faire montre de délicatesse et s’éloigner de la querelle ou a contrario prêter son aide et devenir médiateur et tenter de mettre d’accord les deux amis conflictuels, ou enfin se retrouver la seule victime de cette visite d’appartement qui tourne mal et de la signature d’un compromis qui prend des allures de remise en question, de résolution d’une vente.
Un régal que ce roman succinct qui est en réalité une pièce de théâtre. L’auteur fait entrer des personnages aigris par la vie et de piètres carrières de dramaturge pour l’un et comédien pour l’autre se retrouvant par un après-midi de mai à refaire le monde dans un appartement vide, sans atout, moche mais qui a tout de même trouvé acquéreur ou naïf…
Une danse de mots et de répliques enlevée et jubilatoire pour cette troisième pièce de théâtre de Philippe Claudel, servie sur scène par deux grands derrière les rideaux, à savoir Pierre Arditi et Michel Leeb…
À lire certainement et à voir aussi…
Compromis de Philippe Claudel, éd. Stock