La tendresse du crawl – Colombe Schneck
« J’avais connu une succession d’hommes, pourtant je passais davantage de temps à imaginer l’amour qu’à le vivre. J’avais si peur de la réalité.
Et puis je retrouve Gabriel, croisé au lycée, à quinze ans. »
Ils sont à mille lieues de l’autre. Lui, musicien solitaire, n’aimant pas les mondanités, elle encroûtée dans son milieu intello bourgeois. Ils ne s’étaient plus revus depuis l’adolescence et se retrouvent à présent, tous deux cinquantenaires. Avec lui, tout est si doux, si simple. Entre les croque-monsieur des enfants et les dîners improvisés sur un coin de table dans la cuisine, il lui fait l’amour dans un canapé. Avec lui, elle savoure les caresses et s’émeut des courbes de son corps, réactive sa sensualité un peu oubliée, s’abandonne au creux des bras de son amant, redécouvre le plaisir. Avec lui aussi elle apprend à nager le crawl. Elle se retrouve hissée au faîte de l’amour, la peur au ventre pourtant… Car la chute pourrait être vertigineuse. Ainsi elle s’interroge… Et s’il se lassait, s’il s’éloignait, pire, s’il la quittait. Elle qui jusqu’ores collectionnait les rencontres décevantes…
Ainsi, pendant les neuf mois d’amour, elle n’avait cessé d’être inquiète, de l’imaginer courant vers d’autres bras, accidenté de la route, blessé, voire mort. Jusqu’au jour où, après quelques brasses et dos crawlé, imaginant le pire , elle sort de l’eau, se précipite sur son portable et ne peut retenir son souffle lorsqu’elle découvre les douces lignes qu’il lui avait laissées, les messages qui se succédaient, tous remplis d’amour et du désir de la voir se hâter vers lui qui l’attendait à l’entrée de la piscine. Rassurée mais perplexe, elle devait désormais se familiariser avec l’Amour.
Un roman succinct qui sonne comme les prémices du printemps après le rude hiver, comme l’éclosion d’une fleur sortie de son bulbe, endormie sous la couverture de gel et de froidure.
Et l’auteur de nous convaincre qu’à 50 ans, il suffit d’une étincelle pour raviver les braises refroidies, un regard, une rencontre improbable, un rayon d’amour pour nous mettre en émoi et se réjouir des lendemains…
Dans cette chronique d’un amour improbable, c’est Gabriel qui me touche plus particulièrement. Pour ce qu’il donne de plus beau en lui, sa simplicité et sa sensualité délicate lorsqu’il dessine les contours du corps de son aimée ou glisse sur le dos dans la piscine pour la rejoindre dans une douce aquatique.
Doux, frais, délicat. Une lecture qui fait du bien, même si l’on se désole un peu de la banalité du propos.
La tendresse du crawl de Colombe Schneck