Un jour viendra couleur d’orange – Grégoire Delacourt
Alors que la France, en plein chaos, s’enflamme d’ires et de désespoirs, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde irréel construit de chiffres de couleurs. Sa candeur et ses « différences » émeuvent son entourage. Pierre, son papa, un homme survolté, bourru et agressif n’arrive pas à communiquer avec lui et sa mère, Louise, infirmière aux soins palliatifs, un puits de douceur et de délicatesse le réconforte et le soutient. Et puis il y la jeune et séduisante Djamila, troublée par la naïveté de Geoffroy, qu’elle identifie à un personnage de conte de fée.
Tandis que la France se rebelle et s’enrage, ne connait que les désirs effrénés et les tumultes, un garçon se nourrit d’espoir en imaginant des lendemains d’amour de couleurs chatoyantes d’orange et d’azur. Et s’il suffisait d’un gamin un peu différent, un peu rêveur pour que ressuscite un monde d’amour et d’espoir. Alors, peut-être, comme l’écrit Aragon, « un jour viendra couleur d’orange (…)
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront. »
À travers une plume frénétique et délicate à la fois, l’auteur nous dépeint un monde de désespérance et de révoltes, un peu au pas de course, sans octroyer au lecteur quelque réflexion ou méditation.
Les héros de cette histoire humaine ont tous quelque chose d’attachant. Ainsi, même Pierre, le gilet jaune, sous des dehors querelleurs, est désabusé par une vie de misère et se désole que des politiciens véreux et nantis se baladent au volant de voitures hors de prix, alors que les revenus de courageux travailleurs ne leur permettent pas de vivre jusqu’à la fin du mois, les laissant souvent exsangues et sans le sou…
Un pamphlet social, certes bien écrit, mais qui laisse toutefois le lecteur un peu dubitatif, peu convaincu. L’auteur se hâte un peu trop pour balayer des thématiques assez lourdes, graves, qui mériteraient de s’y attarder et appellent de plus longues réflexions. La société d’aujourd’hui dans tout ce qu’elle a de douloureux, de misérable, de tragique, que seul l’Amour peut sauver. Dans ce huis clos humain, chacun y va de son mieux pour que les lendemains s’éclaircissent et, qui sait, d’aucuns se retrouveront sous le dais ensoleillé vaquant à leurs tâches le cœur plein d’entrain. Les protagonistes de cette sage humaine ne m’ont guère émue, hormis Louise, infirmière grand cœur, à la sensibilité exacerbée et le petit Geoffroy, plongé dans un monde onirique et parsemé d’étoiles.
À lire, pour la plume certes très belle. Puis, pour le reste, l’oublier peut-être…
Un jour viendra couleur d’orange, de Grégoire Delacourt, éd. Grasset