Les démons – Simon Liberati
Au pavillon des rochers, une bâtisse défraîchie aux parfums d’autrefois, vit une fratrie peu commune. Le beau et ténébreux Serge, la sensuelle Nathalie qui porte le surnom de Taïné et le benjamin Alexis. Serge et Taïné forment un duo courtois, complice, un peu incestueux aussi…
Ce petit monde insolite semble végéter au gré du temps dans une douce oisiveté. Jusqu’au jour où l’aîné, victime d’un accident de voiture, décède en laissant derrière lui Taïné anéantie et les lendemains qui suivent s’entourent d’une mélancolie insurmontable. À peine le prince Serge s’en est allé que l’équilibre de la famille est rompu. Taïné, défigurée s’envole vers New York pour y trouver de nouveaux horizons, un visage reconstruit d’abord mais aussi un nouvel entourage, en intégrant la Factory d’Andy Warhol. Tandis qu’Alexis livré à lui-même, nourrit ses perversités et se lie avec le déloyal et fourbe Donatien, et se lance à la conquête du monde littéraire. Il fera en outre la rencontre de Paul Morand et d’Aragon.
Bien que le l’infâme et l’abject séjournent dans leurs rencontres respectives, une infinie tendresse unit le frère et la sœur et, dans ce monde insensé excitant, ils se serrent les coudes pour avancer à tout prix. Car ils font partie d’une communauté de démons magnifiques que l’on rêve d’approcher. Pendant que Taïné croise Truman Capote, intègre la bande d’Andy Warhol, Alexis baguenaude auprès de Donatien, l’ami maléfique de la famille qui se targue d’avoir parmi ses amis quelques personnalités comme Louis Aragon, Elsa Triolet et Laure de Noailles, au milieu d’un Saint-Germain-de Prés coquin et frivole. Dans cet univers où se côtoient drogue, plaisir, débauche, on chancèle et dégringole vers une nouvelle ère où le pop art, l’excentricité et les errances nocturnes dans des lieux glauques sont monnaie courante. Le tout sur fond de printemps 67 et de Guerre du Vietnam.
Un roman métaphorique où se côtoient le suspense doux-amer et l’enchantement. On se laisse porter par certains passages poétiques, les atmosphères qui exhalent l’alcool et la drogue. En revanche, les personnages sont lisses, dénués d’émotions. Le rythme de l’histoire s’essouffle rapidement et malgré une plume esthétique et limpide, l’auteur ne donne à ses héros ni sympathie ni reconnaissance. Ceux-ci se bornent à vivoter, promener leur langueur, entretenir leur perdition.
Chronique d’une désuétude annoncée… À lire peut-être, ou pas…
Les démons, de Simon Liberati, éd. Stock