Grand vin

Les orages – Sylvain Prudhomme

« Lorsque j’ai rencontré Ehlmann, il était debout sur le bord de la route, sa voiture garée en catastrophe sur la bande d’arrêt d’urgence, feux de détresse allumés. J’ai vu qu’il souriait, que tout son visage était tordu de larmes et de rires à la fois, j’ai pensé qu’il était fou. »

De retour dans le vieil immeuble et l’appartement qu’il met en vente, il se remémore avec nostalgie sa jeunesse dans ces 38 m² dont il connaît les moindres coins et recoins, les moindres crissements du plancher, les moindres bruits familiers et retrouve sa vie d’antan et des souvenirs qui ont à présent un parfum suranné. Et la mélancolie s’installe soudain…

Tandis qu’à Venise, une femme sauve un hippocampe échoué sur la lagune alors qu’elle vient d’apprendre que son père est atteint par la maladie d’Alzheimer.

Ailleurs, de retour d’un enterrement, un vieux couple se querelle à propos de l’arbre où seront déposées les cendres.

Et puis il y a Awa, une jeune Sénégalaise, pour qui le rêve de salon de beauté s’écroule parce qu’elle devra assumer les soins de santé de son frère hospitalisé.

Les orages - Sylvain PrudhommeCahin-caha, on se laisse porter par ces treize nouvelles émouvantes de fragilité et tout de go dès les premiers mots l’on est touché en plein cœur par ces fragments de vie fracturés, ces instants arrêtés en plein vol, cette mélancolie qui vous enveloppe sans crier gare, cette détresse qui sonne le glas à la porte de votre cœur sans préambule.

Ce nouvel opus de Sylvain Prudhomme est touchant d’un bout à l’autre et nous bouleverse. De sa plume délicate, l’auteur frôle l’intime, saisit les instants de vérité, dessine les contours des âmes meurtries de ces personnages qui chancèlent, vacillent et perdre pied sous le joug de drames de toutes sortes, imminents et délétères.

Treize histoires de rêves avortés, d’espoirs dilués, de projets échoués, de dégringolades esquivées in extremis…

J’ai été émue par ces histoires déposées en vrac mais qui contiennent toutes une perdition larvée, ou parfois un soubresaut d’illusion caressant soudain l’envie de s’accrocher à tout prix.

À lire sans tarder en cette période maudite que nous vivons pour tenir bon et repousser les vents contraires et les orages de la vie à coup de poésie, d’étincelles et de lumière.

Les orages par Sylvain Prudhomme, éd. de l’Arbalète

Article publié par Catherine le 5 février 2021 dans la catégorie Grand vin

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