J’ai toujours ton cœur avec moi – Soffia Bjarnadottir
« Combien de fois ai-je senti la terre fondre sous mes pieds, senti la boue dans mes veines ? »
Sur une île au large de l’Islande, Hildur vient enterrer Siggy, sa mère. Et c’est le le déluge de souvenirs… Hildur gamberge, s’étonne de l’absence aux obsèques de son frère Pétur. L’atmosphère est lourde et mille questions surgissent alors, surtout celle, fondamentale, qui concerne l’étrange relation qu’entretenait Siggy avec ses enfants, aussi curieuse que celle qui la liait à son compagnon Kafka.
Ainsi Siggy s’en est allée si discrètement en laissant derrière elle une maison sur l’île de Flatey et son éternel égoïsme, qu’elle porte encore au-dessus d’elle comme une épée de Damoclès. Celle qui depuis toujours brillait par son absence a refermé un cahier de souvenirs inédits, extravagants, là-bas dans un coin de nulle part, un bout de terre accroché à l’océan, sous les cris des phoques et des oiseaux marins.
Mais Hildur n’oubliera pas et porte en elle la mémoire de son enfance auprès d’une mère qui n’avait pas la fibre maternelle, qui se mourait au quotidien de désolation, de sinistrose dans sa maison au bord de l’océan. Une femme qui menait une vie insensée, décalée, qui montrait des attitudes frisant la folie. Ainsi, il lui arrivait de se baigner tout habillée en se lamentant d’assumer à contre-cœur son rôle de mère.
Et Hildur n’avait d’autre refuge que celui de Laretta, sa grand-mère, pour apaiser sa tristesse.
Un texte aux notes poétiques où l’imaginaire et le fantastique frôlent la réalité d’une réconciliation entre mère et enfant, même si celle-ci arrive enfin lorsque sonne le glas de la mort.
La plume, certes belle parfois, et l’atmosphère du lieu qui invite à la rêverie ne sauvent cependant pas cette histoire à mi-chemin entre improbable et évidence…
J’ai toujours ton cœur avec moi de Soffia Bjarnadottir, éd. Zulma