Une belle histoire d’amour qui finit bien – Xavier Deutsch
L’histoire d’un trio : Zoé, Achille et Paul, qui est aussi le narrateur. Trois copains de longue date qui tissent une complicité inébranlable.
Zoé tombe amoureuse d’un homme de trois fois son âge, Charles, un magistrat (détail important !) particulièrement sadique, manipulateur et dominateur. Charles pousse Zoé à coucher avec un inconnu, pour le lui reprocher l’instant qui suit. Il la culpabilise et lui conseille un psy. Un psy, justement, le prétexte est bon pour retrouver ses amis et couper son portable… Car Charles interdit à Zoé toute sortie, il lui téléphone cent fois quand elle part et la tance quand elle ne répond pas. Il y a aussi la messe, où le trio se retrouve tous les samedis… Puis Zoé propose un jour à ses comparses de se rendre à une soirée costumée mondaine… Là, Paul rencontre Sigrid, dont il tombe fou amoureux.
J’ai rarement lu autant de pages en si peu de temps, j’ai avalé les 80 dernières en trois quarts d’heure. L’auteur m’a mené par le bout du nez dans son roman tendre et drolatique à la fois. Le fait qu’un magistrat soit tourné en ridicule m’a plu tout particulièrement. On se glisse dans la peau de Paul, qui parle de lui et de ses amis avec bonhomie et vérité. Un homme authentique, amusant, touchant.
Il y a aussi le style Deutsch, une écriture de qualité globalement, qui n’exclut pas les mots vulgaires (dommage !). Son style s’est poli avec le temps. Dans certains de ses livres, il était parfois alambiqué, moins maintenant. J’ai trouvé ce roman jouissif et bien ficelé. Seules les dernières pages m’ont déçu. Par bonheur, Deutsch est enfin publié chez un éditeur bien distribué, après avoir longtemps erré chez un petit belge peu sérieux d’un nom très court.
Zoé n’allait pas très bien. Elle avait mal choisi son moment : j’avais l’esprit tourné d’un autre côté. L’amour est un sentiment généreux qui rend égoïste. A la brasserie Terre-Neuve, ce jeudi-là, et bien que fidèle à elle-même, elle ne se fût guère épanchée sur ses avanies, je crois bien ne l’avoir jamais écoutée que d’une oreille ; de l’autre, j’entendais la voix intérieure qui murmurait les termes de ma prochaine lettre à Sigrid
Une belle histoire d’amour qui finit bien – Xavier Deutsch. Éditions Robert Laffont