Le cœur régulier – Olivier Adam
Sarah partage la vie d’Alain, un mari gentil, irréprochable, jusqu’à l’ennui … Deux beaux enfants, parfaits, qui peuvent à présent se passer d’elle, et un frère cadet en perdition, suicidaire, disparu trop tôt … Beaucoup de questions se bousculent dans la tête de Sarah : a-t-elle entraîné Nathan, fragile, vers le suicide, parce qu’il ne supportait pas la vie de sa sœur, si parfaite, si aseptisée aux côtés d’un bel époux, avec qui elle a eu de beaux enfants, une vie sans anicroche, sans passion aussi …
Elle va partir au Japon, abandonnant tous ces repères si rassurants, cette vie sans histoire … Elle sait que Nathan a vécu au Japon et espère retrouver la trace de ceux qu’il côtoyait là-bas. Ainsi se lie-t-elle avec Natsume, ancien policier, qui s’est donné comme mission de venir en aide à ceux qui, comme Nathan, ne voulait plus de cette vie ici-bas … Sarah apprendra que Nathan a vécu dans la maison de Natsume et s’y sentait bien.
L’auteur explore un thème qui lui est cher, le deuil. Avec délicatesse, il sonde les âmes abîmées, leur tend des perches pour s’en sortir malgré tout.
A travers une écriture sobre, limpide, pudique, il nous invite à suivre Sarah dans ses allers-retours entre Paris et le littoral japonais.
J’ai été séduite par le personnage de Natsume, sorte de devin au regard lumineux, magique, qui accroche les cœurs désespérés en haut d’une falaise, prêts pour le grand saut, les prend en charge chez lui pour un séjour, le temps de se reconstruire.
On se laisse porter par une écriture qui fait toute la place à la sensibilité, à l’intimité du voyage intérieur et extérieur de l’âme humaine. L’auteur pose aussi les grandes énigmes de ce qui dérange, les cœurs fragiles, perdus, martelés, incompris … Il met en exergue la quête d’une tendresse troublée, sans jamais tomber dans les grandes théories ni les grands discours psychologiques à deux sous …
Le cœur régulier – Olivier Adam, Éditions de l’Olivier