Quatrième étage – Nicolas Ancion
Alors, j’avoue être bien embarrassé… D’ordinaire je suis toujours prolifique au sujet des livres, or celui-ci, je ne sais pas par quel bout le prendre…
Commençons par l’histoire, ou plutôt les histoires, qui se déroulent à Bruxelles, petite ville de Belgique, un curieux pays (si c’en est encore un) . Ce sont en fait deux récits entrelacés, celui de Thomas et Marie, deux paumés qui vivent au quatrième étage d’un petit appartement. Marie ne quitte plus son logement. Thomas subvient comme il peut à leurs besoins. D’un autre côté de la ville, Serge le plombier, part réparer une fuite dans un appartement situé lui aussi au quatrième étage. Il est accueilli pas les voisines, deux jumelles disertes d’un âge déjà avancé… Il va incidemment rencontrer la résidente de l’appartement, une jeune et jolie femme.
Ambiance étrange… Thomas veut acheter de quoi manger, il se rend au marché, accepte un troc : de la nourriture contre une photo. Aussitôt un malabar surgit, empoigne Thomas et le jette dans une pièce infestée de serpent sur un mètre de hauteur. Une photo est prise de lui en train de suffoquer parmi les reptiles, photo que vont s’arracher les citadins et qui donnera lieu à moult marchandage…
L’auteur s’en donne à cœur joie dans le délire. Bruxelles ici, n’est pas la “Bruxelles ma belle” de Dick Annegarn. C’est une ville sordide, déshéritée, aux quartiers bassement populaires, peuplés de doudingues. L’auteur fabule et donne un supplément de noirceur, qu’on ne rencontre même pas dans les bas-fonds d’Ixelles ou Etherbeek. Grosso modo, la réalité est travestie et noircie, au point que la ville est méconnaissable. Mais le résultat est intéressant. On déambule dans cette mégapole, tantôt par la voix du narrateur, tantôt par celle des personnages, qui n’hésitent pas à donner au lecteur leur vision de leur milieu, avec quelques notes de philosophie teintées de sarcasmes..
Au niveau de l’écriture, on dirait que l’auteur hésite entre plusieurs styles, entre langage de la rue ou plus complexe. Compte tenu du contenu (marrant ça), l’écriture aurait pu être plus simple et plus fluide (et un peu plus soignée tant qu’on y est). Au niveau du propos, je me suis demandé où l’auteur voulait en venir… Quels que soient ses objectifs, je pense qu’il aurait pu aller loin. Mais je laisse le dernier mot à Didier Van Cauwelaert : “Quatrième étage est un grand livre”. Ouais. Ça sent le copinage.
Quatrième étage – Nicolas Ancion. Éditions du Grand miroir